• "Aujourd'hui plus que jamais sonne l'heure de la réparation, l'heure de secouer la conscience du monde de la lourde torpeur dans laquelle le virus des idées fausses largement répandues l'a plongée ; d'autant plus qu'à cette heure de faillite matérielle et morale, la connaissance de la fragilité et de l'inconsistance de tout ordre purement humain en est venue à dessiller les yeux de ceux-là mêmes qui, aux jours apparemment heureux, ne sentaient pas en eux, ni dans la société, le manque de contact avec l'Eternel et ne le regardaient pas comme un vice essentiel de leurs constructions. Ce qui apparaissait clairement au chrétien qui, profondément croyant, souffrait de l'ignorance des autres, le fracas de l'épouvantable catastrophe du bouleversement actuel, qui revêt la terrible solennité d'un jugement universel et qui frappe jusqu'aux oreilles des plus tièdes, des plus indifférents, des plus étourdis, nous le met sous les yeux avec un éclat éblouissant." Pie XII.

    Effets désastreux de l'ignorance religieuse.

    Le temps passera ; viendront les siècles funestes du laïcisme et l'on assistera à la douloureuse scission entre le citoyen et le chrétien. L'Eglise se verra disputer le champ de l'enseignement, et la culture dite moderne prétendra vainement pouvoir se passer de la religion. Mais quelles en seront les conséquences ! N'avez-vous pas rencontré parfois quelque égaré, qui l'est précisément devenu parce que jamais, ou presque jamais, il n'a entendu parler de Dieu et de sa loi ? Car si non est scientia Dei in terra, « s'il n'y a pas de connaissance de Dieu dans le pays » (Os 4,1), si la loi divine est ignorée, comment pourra-t-on l'observer ? Si Jésus-Christ et son Eglise sont encore pour beaucoup de véritables inconnus, quand ils ne sont pas malicieusement défigurés, comment pourraient-ils être d'abord aimés, puis obéis ? Et si l'on méconnaît Dieu, si l'on n'observe pas sa loi, pourquoi nous étonner que l'histoire ne soit qu'une succession de catastrophes ? Et il faut qu'il en soit ainsi, parce que — si Nous voulons redire les paroles de Notre glorieux prédécesseur Pie X — : Ubi crassae ignorantiae tenebris est mens circumfusa, nulla tenus possunt aut rectam voluntas esse aut mores boni, « là où l'esprit est enveloppé des ténèbres d'une ignorance grossière, il est absolument impossible de trouver une volonté droite ou de bonnes moeurs ».

    Diffusion du catéchisme et formation des catéchistes en Espagne.

    Le monde souffre de maux très douloureux, mais peu sont aussi graves que celui de l'ignorance religieuse dans toutes les classes de la société. La société a un besoin urgent de remèdes énergiques, mais peu sont aussi urgents que la diffusion du catéchisme. Pie XII.

    EGALITE, DIGNITE ou Nivellement, déchirement d'être poussé à ne pas être soi-même...

    Ndr : On veut empêcher le citoyen d'être catholique dans les affaires publiques ou l'éducation. Comme s'il pouvait se diviser en deux sans souffrances. Le catholique à cause de la laïcité ne peut être lui-même. Quel est donc le danger, pourtant, du catholicisme pour la société? Des manifestations tranquilles à la limite, chapelet à la main... L'islamisme, lui, a prouvé qu'il pouvait tuer et terroriser. Le danger, ce sont ceux qui ont des idées dangereuses pour la nation et ses membres.

    SCIENTISME OU SCIENCE?

    On impose le scientisme comme vérité. "Le scientisme est une position apparue au XIX e siècle selon laquelle la science expérimentale est la seule source fiable de savoir sur le monde, par opposition aux révélations religieuses, aux superstitions, aux traditions, et aux coutumes, également à toute autre forme de savoir." wiki. Mais le plus ne sort pas du moins, le mouvement perpétuel n'existe pas plus dans les machines qui s'en réclament que dans l'univers, ce qui prouve que l'univers a un jour été mû par une cause externe à la matière, puisqu'il lui faut un premier mouvement qu'elle est incapable de produire d'elle-même. Cela, c'est une preuve philosophique qui a autant de poids dans son domaine que les sciences expérimentales dans le leur. Et la philosophie du bon sens ou des sciences transcende les sciences, et permet d'acquérir une source fiable de savoir, n'en déplaise au scientisme. Le principe de non contradiction est très fiable : par ex, le vrai ne peut pas être faux. Cela, inutile d'être philosophe pour le comprendre... C'est de la philosophie de base.

    La théorie de la macroévolution devient un dogme, comme si un jour on avait trouvé les chaînons manquants entre espèces...

    Ressemblance n'est pas ascendance, on le sait. Le félin est proche du canidé, mais cela ne signifie pas qu'ils ont un ancêtre commun. Cela, c'est du rajout dont les athées ont besoin, et nullement prouvé scientifiquement, car personne n'est allé remonter le temps pour le vérifier. Dieu peut très bien créer directement les espèces sans évolution, comme il peut en effet, soit par Lui, soit par l'intermédiaire des anges, faire muter un être en espèce distincte de ses ascendants. Même la ressemblance génétique n'est pas une aide pour la théorie de la macroévolution, car rien n'empêche Dieu de créer directement une espèce avec un code génétique qui ressemble à celui d'un autre être. Comme deux statues faites par le même fabriquant qui ne descendent pas d'une statue ancêtre commun, il peut y avoir deux espèces distinctes qui, malgré leur ressemblance, ont pour origine commune Dieu et sont créees directement...

    C'est comme pour la corrélation entre hausse des contaminations et présence d'un virus mutant. "Peut-on pour autant conclure que la nouvelle mutation est plus contagieuse que le «vieux» Sars-CoV-2 ? Sûrement pas, insiste Nick Loman : «Cette variante est fortement associée avec les lieux où on voit une hausse des contaminations. C’est une corrélation, mais on ne peut pas dire que c’est une cause.»" Attention à ne pas confondre "corrélation" et cause ici... Certains ont bien sûr trop tôt sauté le pas. On ne voit pas non plus corrélation mais cause en voyant des caractéristiques qui rapproche une espèce ancienne d'une autre plus récente, et on saute le pas trop tôt... Quand on croit à la Tout Puissance divine, la théorie de la macroévolution reste théorie, car tout est possible à Dieu. Il est vrai qu'il y a des microévolutions, prouvées contrairement à la théorie de la macroévolution, comme le montre la fameuse histoire des papillons de bouleaux.

    "À partir du xixe siècle, les entomologistes constatent que la forme sombre devient plus fréquente à proximité des villes industrielles d'Angleterre ; observée pour la première fois en 1848 dans la région de Manchester, cette forme sombre est devenue largement majoritaire en 1954 dans cette même région (plus de 98 % de la population). Avec la baisse de pollution, la forme sombre régresse actuellement. Ce phénomène montre que la pression de la sélection naturelle peut faire prédominer une variation à l'intérieur d'une espèce en quelques années, la prédation exercée par les oiseaux touchant davantage la forme la plus « visible » (i.e. la moins cryptique).

    Cette observation est alors rapprochée d'un autre phénomène : en raison de la pollution atmosphérique par les résidus de combustion du charbon, les troncs et les branches des arbres devenaient plus sombres (à la fois par les dépôts de fumée et probablement aussi par la disparition des lichens plus clairs qui les recouvraient). Or ces papillons nocturnes se posent en journée sur les arbres. Un certain nombre d'études de terrain ont alors montré que le taux de survie des individus de type carbonaria était plus élevé que celui des individus de type typica, probablement parce que ces derniers étaient plus visibles aux yeux de leurs prédateurs oiseaux, lorsqu'ils se posaient sur les arbres devenus plus sombres. Or, à partir de la fin des années 1960, ce phénomène s'inverse. La forme typica redevient fréquente. C'est aussi à cette période que des efforts sont mis en place pour améliorer la qualité de l'air en Grande-Bretagne, efforts qui se traduisent notamment par une diminution des dépôts de pollution atmosphérique sur les troncs d'arbres.

    Ainsi, même si la nature exacte des multiples pressions de sélection auxquelles sont soumises les phalènes du bouleau reste incertaine avec l'influence d'autres facteurs comme le rôle de la mélanine dans la thermorégulation des papillons, les évolutions rapides du mélanisme au sein de la population des phalènes du bouleau (que l'on retrouve de façon similaire et au même moment chez d'autres espèces de papillons) sont considérées comme un exemple particulièrement frappant des mécanismes de sélection naturelle liés à la prédation." Wiki.

    Cette histoire ne prouve que le fait de variations au sein d'une même espèce et une certaine sélection naturelle. Cela ne prouve en rien la théorie de la macroévolution. Mais le fanatisme des inspecteurs républicains acceptera-t-il ces idées? L'Education nationale ne l'imposera-t-elle pas comme "vérité" obligatoire pour tous, au lieu simplement d'obliger qu'on informe les élèves sur la théorie de l'évolution, ce qui est possible après tout, sans pour autant l'imposer. Cela serait d'ailleurs très bien pour permettre un vrai débat constructif plus tard, non basé sur l'idéologie athée, qui elle a besoin de la macroévolution, alors qu'elle est non obligatoire pour expliquer le monde selon le croyant. On peut obliger à informer, mais on ne doit pas obliger à imposer un savoir qui n'est pas si certain que cela.

    Par exemple, je vais commenter ce lien : https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/animaux-hippopotame-baleine-sont-vieux-cousins-57344/

    "En outre, les caractéristiques de l'espèce permettent de faire le lien entre les anthracothères et les hippopotames" Comme je disais, ressemblance n'est pas ascendance ni même cousinage. Tant que quelqu'un n'aura pas fait de voyage dans le temps ou demandé directement à Dieu si la macroévolution est vrai, on ne peut pas la prouver, le passage d'une espèce à une autre étant d'avis de tous très lent s'il a existé. Or, les révélations privées, qui peuvent être dûes à l'imagination ou une fausse révélation du démon (même non contraire à la foi et aux mœurs, mais contraire à la science, he oui, le diable peut être fin...), devraient être attestées par un miracle pour prouver que Dieu a bien tranché ici cette question. 

    Ou il faudrait prouver que la Bible et la Tradition, sources fiables de vérité accréditées par les miracles, n'en déplaise au scientisme, enseignent la macroévolution ou non, ce qui n'est pas le cas : "Le Roi de l'univers, pour couronner dignement la création, forma — d'une manière ou d'une autre — du limon de la terre l'oeuvre merveilleuse du corps humain et, soufflant sur son visage, lui communiqua un souffle de vie, qui fit du corps l'habitation et l'instrument de l'âme ; autrement dit il éleva par lui la matière au service immédiat de l'esprit et par là rapprocha et unit en une synthèse — difficile à explorer pour notre esprit — le monde spirituel et le monde matériel, non seulement par un lien purement extérieur, mais dans l'unité de la nature humaine. Elevé ainsi à l'honneur d'être l'habitation de l'esprit, le corps humain était prêt à recevoir la dignité de temple même de Dieu, avec les prérogatives qui conviennent à un édifice à Lui consacré, et même de plus hautes encore. De fait, selon la parole expresse de l'Apôtre, le corps appartient au Seigneur, les corps sont « membres du Christ ». « Ne savez-vous pas — s'écrie-t-il — que vos membres sont le temple de l'Esprit, qui est en vous, qui vous a été donné par Dieu, et que vous ne vous appartenez pas ?... Glorifiez et portez Dieu dans votre corps ». Pie XII. D'une manière ou d'une autre signifie bien sûr que Dieu a pu créer directement, ou former à partir de l'évolution d'hominidés, par exemple, un corps humain. 

    "La génétique pose le problème de l'évolution.

    Ce que la biologie et la génétique en particulier, disent sur les cellules germinales, les facteurs de l'hérédité, les modifications, les mutations et la sélection dépasse les individus et les diverses espèces et déborde sur la question de l'origine et de l'évolution de la vie en général et de l'ensemble de tous les vivants. On pose la question : cet ensemble est-il constitué par le fait que tous les vivants proviennent d'un être unique et de son germe inépuisable par voie de descendance et d'évolution selon la manière et sous les influences que l'on a indiquées ? La question des grands ensembles explique pourquoi les ouvrages de certains généticiens associent la question de l'hérédité et celle de l'évolution et de la descendance. L'une déborde sur les autres.

    Dans les ouvrages récents de génétique, on lit que rien n'explique mieux la connexion de tous les vivants que l'image d'un arbre généalogique commun. Mais en même temps on fait remarquer qu'il ne s'agit là que d'une image, d'une hypothèse, et non d'un fait démontré. On croit même devoir ajouter que si la plupart des chercheurs présentent la doctrine de la descendance comme un « fait », ceci constitue un jugement hâtif. On pourrait fort bien formuler aussi d'autres hypothèses. On dit en outre que des savants réputés le font sans pour cela contester que la vie ait évolué et que certaines découvertes puissent être interprétées comme des préformations du corps humain. Mais, continue-t-on, ces chercheurs ont souligné de la manière la plus nette qu'à leur avis, on ne sait absolument pas encore ce que signifient réellement et exactement les expressions « évolution », « descendance », « passage » ; que par ailleurs, on ne connaît aucun processus naturel par lequel un être en produit un autre de nature différente ; que le procédé par lequel une espèce en engendre une autre reste parfaitement impénétrable, malgré les nombreux stades intermédiaires ; qu'on n'a pas encore réussi expérimentalement à faire sortir une espèce d'une autre espèce ; et finalement que nous ne saurions absolument pas à quel endroit de l'évolution l'hominidé a passé tout-à-coup le seuil de l'humanité.

    On signale encore deux découvertes singulières au sujet desquelles la controverse jusqu'à présent ne se serait pas encore calmée ; il ne s'agirait pas ici du degré avancé du matériel découvert mais de la datation de la couche géologique. La conclusion dernière qu'on en tire est celle-ci : selon que l'avenir montrera l'exactitude de l'une ou de l'autre interprétation, l'image usuelle de l'évolution de l'humanité y trouvera une confirmation ou bien il faudra s'en donner une image toute nouvelle. On croit devoir dire que les recherches sur l'origine de l'homme sont encore à leurs débuts ; la représentation que l'on s'en fait actuellement ne pourrait pas être considérée comme définitive. Voilà ce que l'on dit des relations entre la théorie de l'hérédité et celle de l'évolution." Pie XII. 

    Comme "rien n'explique mieux la connexion de tous les vivants que l'image d'un arbre généalogique commun", pourquoi pas la macroévolution, à condition d'admettre que Dieu a amené d'une manière ou d'une autre la matière à évoluer, à s'organiser, voir à de temps en temps peut-être former un nouvel être vivant à partir d'un autre, afin de garder cette connexion entre tous les êtres vivants, image d'une fraternité sensible. Donc je ne me ferme pas à des idées qui vont contre la macroévolution ou pour elle. L'important est d'établir la vérité sur ce sujet, pas de suivre les conséquences de l'idéologie athée à tous prix, idéologie qui ne peut admettre un Dieu Créateur et s'attache donc obstinément à son évolution comme son dogme.   

    AUTORITE ET HIERARCHIE, venues de Dieu ou s'opposant à l'égalité naturelle des hommes.

     

    "Le peuple souverain choisit des délégués, les investit de tout pouvoir. Ils s'assemblent, la majorité est censée exprimer la volonté générale, et cette volonté fait loi. Cette loi peut tout atteindre; et en toutes choses elle crée le droit, sans égard à qui ou à quoi que ce soit, pas même à DIEU, pas même aux exigences de la nature humaine." Mgr Delassus.

    «Le chrétien, ce n'est donc pas comme semble le croire et comme l'affirme tous les jours et sur tous les tons un certain monde contemporain, ce n'est donc pas un être qui s'isole en lui-même, qui se séquestre dans un oratoire indistinctement fermé à tous les bruits du siècle et qui, satisfait pourvu qu'il sauve son âme, ne prend aucun souci du mouvement des affaires d'ici-bas. Le chrétien, c'est le contre-pied de cela. Le chrétien, c'est un homme public et social par excellence, son surnom l'indique : il est catholique, ce qui signifie universel. Jésus-Christ, en traçant l'oraison dominicale, a mis ordre à ce qu'aucun des siens ne pût accomplir le premier acte de la religion qui est la prière, sans se mettre en rapport, selon son degré d'intelligence et selon l'étendue de l'horizon ouvert devant lui, avec tout ce qui peut avancer ou retarder, favoriser ou empêcher le règne de Dieu sur la terre. Et comme assurément les œuvres de l'homme doivent être coordonnées avec sa prière, il n'est pas un chrétien digne de ce nom qui ne s'emploie activement dans la mesure de ses forces, à procurer ce règne temporel de Dieu et à renverser ce qui lui fait obstacle». Cardinal Pie.

    «Saint Paul proclame que Dieu a fait Son Fils Jésus chef de toutes choses, et de peur qu'on ne doute de l'universalité de cet empire, l'apôtre ajoute que dans cet assujettissement universel, rien n’a été excepté (Hebr. II, 8) Les nations spécialement Lui avaient été promises en héritage (Ps. II) Or le Fils de Dieu n'a point été frustré de cette glorieuse portion de son apanage. Et la plénitude des nations étant une fois rentrée sous Son sceptre, celles qui auraient le malheur de Le rejeter ont reçu d'avance leur nom de la bouche même du Seigneur. Elles sont ces nations apostates, gentes apostatrices, qui se sont retirées de Dieu et ont sacrilègement brisé le pacte glorieux qu'Il avait daigné faire avec elles». Cardinal Pie.

    Ndr : La Grande Apostasie serait donc l'apostasie de toutes les nations qui se seraient déjà toutes faites chrétiennes. Alors viendra l'Antéchrist. "Je suis venu, dit l'Agneau divin, et vous m'avez reçu puis rejeté. Un autre viendra et vous le recevrez."

    "Pour l'Église, toute autorité légitime est de droit divin, que cette autorité soit royale, aristocratique, démocratique, ou mixte. Pour l'Église, celui qui commande légitimement, ne commande jamais ni en son nom ni au nom du peuple ; il commande toujours au nom de Dieu, qui seul peut autoriser un homme à commander à un autre homme son égal." Le Mal social, tome 1, Don Sarda.

    Monarchie absolue, droit divin...  Toute autorité vient de Dieu. Tous les hommes sont égaux : au moins un point de rapprochement entre la mentalité moderne et le catholicisme. D'où le fait que, si les femmes sont égales aux hommes, il faut, pour qu'elles acceptent d'être gouvernées dans la famille par le chef de famille, que cela provienne d'un ordre divin. Par ailleurs, la raison seule a le droit de commander. Donc un gouvernant qui commande par passion, même si on est obligé de lui obéir sur ordre de Dieu en ce qui n'est pas mauvais, commet un péché. Dieu seul a droit de commander ou de déléguer son commandement. Si les lois n'ont rien de contraire à la loi divine, on obéit sur l'ordre de Dieu ; si les lois s'opposent à Dieu, on n'y obéit pas, quitte à mourir comme les premiers chrétiens, toujours pour obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes.

    "Faites entendre que les hommes ne sont point faits pour être servis; que c'est une erreur brutale de croire qu'il y ait des hommes nés pour flatter la paresse et l'orgueil des autres; que le service étant établi contre l'égalité naturelle des hommes, il faut l'adoucir autant qu'on le peut; que les maîtres, qui sont mieux élevés que leurs valets, étant pleins de défauts, il ne faut pas s'attendre que les valets n'en aient point, eux qui ont manqué d'instructions et de bons exemples; qu'enfin, si les valets se gâtent en servant mal, ce que l'on appelle d'ordinaire être bien servi, gâte encore plus les maîtres; car cette facilité de se satisfaire en tout, ne fait qu'amollir l'âme, que la rendre ardente et passionnée pour les moindres commodités, enfin que la livrer à ses désirs." Fénelon, Education des filles.

    La vérité, c'est qu'il existe une égalité naturelle des hommes. Mais cette égalité est contrebalancée par le besoin d'une hiérarchie, et du besoin de décideurs à cause des opinions multiples qui empêcherait toute action. Pour pallier à ce problème, Dieu a établi qu'on obéirait à l'autorité du père dans la famille, malgré l'égalité de dignité naturelle de la femme et de l'homme comme tous deux images de Dieu. Il a décidé qu'on obéirait à ses supérieurs, à l'Etat. Ainsi, la loi repose non sur l'homme, mais sur Dieu.

    LIBERTE de l'homme maître de ses passions.

    Ce qu'on ne dit pas en cours d'histoire, c'est l'importance de l'Eglise quant à la fin de l'esclavage. Esclavage des personnes, mais également esclavage des passions. 

    Commençons par l'esclavage des passions, d'après st Liguori, qui fait penser au portrait de Dorian Gray dans ses conséquences extrêmes : 

    « Quand on ne résiste pas à une habitude, dit saint Augustin, elle devient bientôt une espèce de nécessité; nécessité que saint Bernardin appelle une seconde nature. » Car, comme la respiration est nécessaire à l'homme, de même le péché semble être nécessaire aux es claves d'une mauvaise habitude. Je dis : Esclaves : les serviteurs sont payés de leurs services; mais les esclaves servent par force, sans aucun salaire : c'est à ce point qu'en viennent certains pécheurs ; ils ne pèchent plus par plaisir, mais sans satisfaction, tellement ils sont sous l'esclavage de l'enfer. Dieu leur a retiré ses grâces en punition de leur ingratitude; aussi « leur coeur devient-il dur et insensible comme la pierre, et il se resserre de plus en plus comme l'enclume sous les coups du marteau. » -

    De là vient que, tandis que les autres s'attendrissent au souvenir de la mort, de l'éternité, de la passion de Jésus-Christ, l'homme vicieux n'en est aucunement touché; il en parle et il en entend parler avec une froide indifférence, comme si c'étaient des choses qui ne le concernent point; mais ce sont autant de coup qui le frappent et le rendent plus dur. Ecoutez ce qui arriva dans une ville d'Italie. Un jeune homme avait une habitude criminelle. Plusieurs fois averti par ses amis de changer de vie, plusieurs fois averti de Dieu, il suivait toujours sa voie. Un jour, sa soeur vint à mourir subitement. Cet avertissement du ciel le fit trembler, mais à peine les obsèques terminées, il oublia tout et revint à son vomissement. Deux mois après la mort de sa soeur, une fièvre lente l'étendit sur son lit. Alors il fit venir un confesseur et avoua ses fautes. Pourtant un jour il s'écria : « Oh ! que je connais tard la rigueur de la justice divine !» Et se tournant vers son médecin : « Plus de remèdes, dit-il, le mal est incurable; je suis certain qu'il me mènera à la tombe. » Puis il dit à ceux qui étaient autour de lui : « Comme il n'y a plus de remède pour mon corps, il n'y en a plus pour mon âme : une mort éternelle m'attend. Dieu m'a abandonné, je le vois à la dureté de mon coeur. » Ses amis et plusieurs religieux cherchèrent à lui inspirer la confiance dans la miséricorde de Dieu; mais il ne leur répondit autre chose que : « Dieu m'a abandonné ! » L'écrivain, qui rapporte ce fait, dit que se trouvant lui-même seul à seul avec ce malheureux jeune homme, il lui adressa ces mots : « Ayez courage, recevez Jésus-Christ qui vient à vous en viatique. » - « O mon ami, répondit-il, ma confession a été faite sans douleur; plus de confesseur, point de sacrement, point de viatique, je commet trais un sacrilège. » Le prêtre se retira inconsolable ; il revint ensuite, mais les parents annoncèrent que l'infortuné était mort, sans l'assistance d'aucun prêtre. Telle fut la fin de ce pécheur d'habitude."

    NDR : Le monde rend esclave de ses passions et le catholicisme avait délivré l'homme de cet esprit de société de consommation qui désormais ronge la société (esprit qu'on appelle aussi le monde).

    Liguori : "Qu'est-ce donc que ce monde ? Une terre couverte d'épines, séjour de larmes et de douleurs. Le monde promet beaucoup à ceux qui le suivent : divertissements, joies, tranquillité; mais tout se réduit à des illusions, à des amertumes, à des vanités. Les richesses elles-mêmes, les honneurs, les plaisirs d'ici-bas, finissent par devenir un tourment, un deuil. Et Dieu fasse que, pour tant de gens aveuglés qui aiment le monde, ce deuil ne devienne pas éternel, puisqu'au milieu du monde les dangers de perdre son âme, le paradis et Dieu, sont si grands !

    Les biens du monde ne peuvent contenter notre coeur. Les animaux, qui sont créés pour la terre, se contentent des biens terrestres; mais, l'homme étant créé pour Dieu, il n'y a que Dieu qui puisse le contenter. C'est ce que prouve l'expérience : si les biens terrestres rendaient l'homme satisfait, les riches et les princes, qui vivent au milieu des trésors, des honneurs et des plaisirs sensuels, seraient heureux; mais nous voyons le contraire : ils sont plus inquiets et plus troublés que les autres; car, où abondent les richesses et les dignités, là aussi abondent les craintes, les soucis, et les tourments.

    L'empereur Théodose, entrant un jour dans la cellule d'un pieux solitaire qui ne le connaissait pas, lui dit après un court entretien : « Mon Père, savez-vous qui je suis ? je suis Théodose. » Puis, il ajouta : « Oh ! que vous êtes heureux, vous qui vivez content ici-bas, loin des misères du monde ! Je suis un grand seigneur de la terre, je suis empereur; mais je vous assure, mon Père, qu'il n'y a pas de jour où je puisse manger en paix. »

    II. Comment le monde pourrait-il donner la paix, puisque c'est un lieu de tromperies, de jalousies, de craintes et de troubles? Il offre quelques misérables jouissances, mais qui affligent l'âme plutôt que de la contenter; car, si elles flattent un moment les sens, elles laissent le coeur rempli d'épines et d'amertumes. De là vient que les personnages les plus élevés et les plus honorés dans le monde sont ceux qui ont le plus à souffrir, parce que, plus ils sont grands, plus ils sont environnés de craintes et de soucis. Il faut donc reconnaître que le monde est un lieu, non de plaisirs, mais d'inquiétudes et de tourments, puisque c'est le règne des passions, telles que l'ambition des honneurs, la soif des richesses, et l'avidité des plaisirs : on ne peut jamais obtenir de ces biens-là autant qu'on en souhaite, ni les avoir comme on les désire, et, quand on en jouit, ils ne satisfont point le coeur, ils sont même une source de chagrins ; ainsi, l'homme qui se nourrit des biens de ce monde, se nourrit de fiel et de poison.

    C'est par ces réflexions que saint Ignace de Loyola sut attirer à Dieu bien des âmes, entre autres la belle âme de saint François Xavier, qui alors, à Paris, s'occupait de projets mondains : « François, lui dit un jour le saint, pensez que le monde est un traître, qui promet et ne tient pas. Mais quand même il tiendrait ce qu'il vous pro met, il ne pourra jamais contenter votre coeur; et supposé qu'il le contente, combien de temps durera votre bonheur? Peut-il durer plus que votre vie ? Et à la fin, qu'emporterez-vous dans l'éternité?Y a-t-il par hasard un seul riche, qui ait pris avec lui, soit une pièce de monnaie, soit un serviteur, pour sa commodité?Y a-t-il un seul roi, qui ait emporté un fil de pourpre pour marque de sa dignité?» Frappé de ces réflexions, François renonça au monde, suivit saint Ignace, et devint lui-même un grand saint. Le bonheur complet et exempt de tout souci ne eut se rencontrer ici-bas, il nous est réservé pour éternité de la vie future. Sur cette terre, qui est un lieu de mérites et, par conséquent, un lieu de souffrances, où l'on gagne la vie éternelle au moyen de ces souffrances mêmes, celui-là seul vit content, qui endure tout avec patience : ainsi vivent les saints, qui goûtent une paix et une tranquillité intérieure d'autant plus grandes, qu'ils jouissent moins des biens terrestres, et qu'ils supportent avec plus de patience les tribulations de la vie présente.

    III. Mais pour que l'homme puisse être heureux en cette vie, il faut qu'il sache en quoi consiste le bonheur. Il est hors de doute que notre bonheur naturel ne consiste pas dans les jouissances du corps, mais bien dans la paix de l'âme, laquelle n'est possible qu'autant que le coeur est dégagé du vice et des attaches déréglées. Cette tranquillité résulte de l'heureux concert que forment nos bons désirs et nos bonnes actions. Quand les humeurs du corps sont en harmonie, le corps est sain et vigoureux; mais quand ces humeurs sont boule versées, elles causent des maladies et des douleurs. La même chose se produit dans l'âme : si le désordre y règne par suite de quelque vice ou passion désordonnée, dont elle se laisse dominer, elle ne trouve point et ne trouvera jamais la paix véritable ; de sorte que, pour obtenir cette paix véritable, nous devons mettre notre âme d'accord avec Dieu, avec les hommes, et avec nous-mêmes, à l'aide des vertus chrétiennes : avec Dieu, par l'amour et par l'obéissance à tous ses préceptes ; avec les hommes, par la pratique de la charité et de la douceur; avec nous-mêmes, par la mortification des passions et l'abnégation de l'amour-propre.

    C'est pourquoi nous devons nous défaire des maxi mes du monde, qui corrompent l'esprit et la volonté, et nous pénétrer profondément des maximes saintes qui nous conduisent à Dieu par la voie droite. Ainsi, nous serons plus ou moins heureux en cette vie, selon que nous pratiquerons plus ou moins toutes ces vertus. Persuadons-nous bien que sans la vertu, il n'y a et il ne peut y avoir de véritable contentement. Oh ! combien le bonheur d'un pauvre vertueux surpasse celui de tant de riches et de puissants de la terre, qui, au sein de leurs grandeurs, sont harcelés sans relâche par mille désirs irréalisables, et par mille adversités inévitables ! L'expérience démontre à l'évidence que tout homme qui mène une vie vertueuse, de quelque rang qu'il soit, vit heureux dans sa condition; et que tout homme qui vit dans le vice, ne trouve le bonheur ni dans les richesses ni dans les honneurs terrestres. Les passions non réprimées conduisent aux jouissances criminelles, qui laissent toujours après elles un arrière-goût d'amertume ; de plus, ces jouissances ne sont que momentanées, tandis que les peines et les chagrins sont incessants. C'est une illusion que de chercher la paix dans l'assouvisse ment de ses passions : plus on cherche à les satis faire, plus on augmente son tourment.

    Que de dépits secrets n'éprouve pas l'ambitieux qui convoite les honneurs, les places, et les dignités, s'il ne parvient pas à les obtenir ! Mais supposé qu'il les obtienne, il ambitionnera toujours de monter plus haut, et s'il ne réussit point, il en sera désolé. Quel chagrin n'éprouve-t-il pas, s'il se voit préférer quelque autre qu'il estime moins digne que lui? car notre orgueil naturel nous fait accroire que nous sommes plus dignes que les autres. Le véritable chrétien, au contraire, ne s'inquiète point s'il se voit supplanté; et s'il reconnaît manifeste ment qu'on est injuste à son égard, il se tranquillise à la pensée de la volonté divine qui en a ainsi disposé, et il se tient en paix.

    Quels tourments n'éprouve pas un avare au milieu même de toutes ses richesses, tantôt par la crainte de perdre ce qu'il possède, tantôt par les pertes qu'il a essuyées, tantôt par les créances qu'il ne peut faire rentrer, tantôt par un gain inférieur à celui qu'il espérait? Mais l'homme de bien est satisfait du peu qu'il possède, et vit content. - Quelles tortures ne subit pas un vindicatif qui désire se venger et ne le peut pas ?-Quels tourments n'endure pas un impudique dans ses honteuses affections? que de soupçons, que de jalousies, que d'amertumes, en voyant qu'on ne le paie pas de retour, ou qu'on lui ferme le chemin pour arriver à ses fins ! Et alors même que le chemin lui resterait ouvert, comment pourra-t-il empêcher que les remords de la conscience et les craintes de la vengeance divine ne soient une torture pour son coeur ? V. Ainsi, tous les biens et tous les plaisirs du monde ne peuvent contenter le coeur de l'homme. Qui peut donc le contenter ? Dieu seul. Le coeur de l'homme est toujours à la recherche d'un bien qui puisse le satisfaire. Il jouit des richesses, des plaisirs, des honneurs, et il n'est pas content, parce que ces biens-là sont finis, et qu'il est créé pour un bien infini : qu'il trouve Dieu, qu'il s'unisse à Dieu, et le voilà content, il ne désire plus rien. Saint Augustin, durant sa vie passée dans les plaisirs des sens, n'eut jamais de repos; mais, quand il se fut consacré à l'amour divin, il fit cet aveu au Seigneur : « Mon Dieu, je vois maintenant que toutes les créatures ne sont que vanité et affliction, et que vous seul êtes la véritable paix de l'âme. » Instruit ainsi à ses dépens, il nous donne cet avis : « Cher chez Dieu, et vous trouverez tout. » Oh ! si les mondains goûtaient une fois la paix dont jouit une âme qui n'aime que Dieu ! « Faites-en l'expérience, dit David, et vous verrez combien le Seigneur est doux. »

    Ame chrétienne, commencez à faire la méditation tous les jours et à communier souvent; commencez à vous détacher du monde et à communiquer avec Dieu, et vous verrez que le Seigneur vous donnera plus de consolations, dans le peu de temps que vous passerez avec lui, que vous n'en avez jamais trouvé dans tous les divertissements du monde. Celui qui n'en fait pas l'expérience, ne peut comprendre combien Dieu sait rendre heureuse une âme dont il est aimé."

    NDR : Le catholicisme mit petit à petit fin à l'esclavage des personnes, en évitant ces révolutions sanglantes et trop rapides des Etats-Unis qui ont instauré le règne durable de la haine entre racistes et non-racistes.

    Mgr Delassus : A mesure que la nouvelle conception de la vie apportée par Notre-Seigneur JÉSUS-CHRIST à la terre, entra dans les intelligences et pénétra dans les coeurs, la société se modifia : le nouveau point de vue changea les moeurs, et, sous la pression des idées et des moeurs, les institutions se transformèrent. L'esclavage disparut, et au lieu devoir les puissants s'assujettir leurs frères, on les vit se dévouer jusqu'à l'héroïsme pour leur procurer le pain de la vie présente, et aussi et surtout pour leur procurer le pain de la vie spirituelle, pour élever les âmes et les sanctifier. La guerre ne fut plus faite pour s'emparer des territoires d'autrui, et emmener hommes et femmes en esclavage, mais pour briser les obstacles qui s'opposaient à l'extension du royaume du CHRIST et procurer aux esclaves du démon la liberté des enfants de DIEU.

    Faciliter; favoriser la liberté des hommes et des peuples dans ses démarches vers le bien, devint le but vers lequel les institutions sociales se portèrent, sinon toujours leur fin expressément déterminée. Et les âmes aspirèrent au ciel et travaillèrent à le mériter. La poursuite des biens temporels pour la jouissance qu'on en peut tirer, ne fut plus l'unique ni même le principal objet de l'activité des chrétiens, du moins de ceux qui étaient vraiment imbus de l'esprit du christianisme, mais la poursuite des biens spirituels, la sanctification de l'âme, l'accroissement des vertus qui sont l'ornement et les vraies délices de la vie d'ici-bas, en même temps que les gages de la béatitude éternelle.

    Les vertus acquises par les efforts personnels se transmettaient par l'éducation d'une génération à l'autre ; et ainsi se forma peu à peu la nouvelle hiérarchie sociale, fondée, non plus sur la force et ses abus, mais sur le mérite : en bas, les familles qui s'arrêtèrent à la vertu du travail ; au milieu, celles qui, sachant joindre au travail la modération dans l'usage des biens qu'il leur procurait, fondèrent la propriété par l'épargne ; en haut, celles qui, se dégageant de l'égoïsme, s'élevèrent aux sublimes vertus du dévouement pour autrui : peuple, bourgeoisie, aristocratie. La société fui basée et les familles échelonnées sur le mérite ascendant des vertus, transmises de génération en génération. Telle fut l'oeuvre du moyen âge. Durant son cours, l'Eglise accomplit une triple tâche. Elle lutta contre le mal qui provenait des diverses sectes du paganisme et le détruisit ; elle transforma les bons éléments qui se rencontraient chez les anciens Romains et les diverses races de barbares ; enfin elle lit triompher l'idée que Notre-Seigneur JÉSUS-CHRIST avait donnée de la vraie civilisation. Pour y arriver, elle s'était attachée d'abord à réformer le coeur de l'homme ; de là était venue la réforme de la famille, la famille avait réformé l'état et la société : voie inverse à celle que l'on veut suivre aujourd'hui.

    Sans doute, croire que, dans l'ordre que nous venons de marquer, il n'y eut point de désordre, serait se tromper. L'esprit ancien, l'esprit du monde que Notre-Seigneur avait anathématisé, ne fut jamais, ne sera jamais complètement vaincu et anéanti. Toujours, même aux meilleures époques, et lorsque l'Eglise obtint sur la société le plus grand ascendant, il y eut des hommes de joie et des hommes de proie ; mais on voyait les familles monter à raison de leurs vertus ou décliner à raison de leurs vices ; on voyait les peuples se distinguer entre eux par leur civilisation, et le degré de civilisation se prendre des aspirations dominantes en chaque nation : elles s'élevaient lorsque ces aspirations s'épuraient et montaient ; elles rétrogradaient lorsque leurs aspirations les portaient vers la jouissance et l'égoïsme. Quoiqu'il arrivât cependant, que nations, familles, individus s'abandonnassent aux instincts de la nature ou leur résistassent, l'idéal chrétien restait toujours inflexiblement maintenu sous le regard de tous par la Sainte Eglise.

    L'élan imprimé à la société par le christianisme commença à se ralentir, avons-nous dit, au XIIIe siècle ; la liturgie le constate et les faits le démontrent, Il y eut d'abord arrêt, puis recul. Ce recul, ou plutôt cette nouvelle orientation, fut bientôt si manifeste qu'elle reçut un nom, la RENAISSANCE, renaissance du point de vue payen dans l'idée de la civilisation.

    Et avec le recul vint la déchéance. « En tenant compte de toutes les crises traversées, de tous les abus, de toutes les ombres au tableau, il est impossible de contester que l'histoire de France — même observation pour toute la république chrétienne — est une ascension, comme histoire d'une nation, tant que l'influence morale de l'Eglise y domine, et qu'elle devient une chute, malgré tout ce que cette chute a quelquefois de brillant et d'épique, dès que les écrivains, les savants, les artistes et les philosophes se substituèrent à l'Eglise et l'évincèrent de sa domination. »

    Ndr : Les experts sont devenus comme la nouvelle religion. Mais il y a crise d'autorité même envers eux, est-ce étonnant? L'avis d'experts, qui se trompent si souvent, ne vaut pas pas celui de Dieu, vérité même, qui impose leur point de vue à tous et demande qu'on les honore. Car les experts, médecins ou autres, doivent être écoutés chacun dans son domaine par l'homme sage, qui ne se fie pas complètement à ses propres lumières moins grandes que celles de ceux qui ont étudié ces domaines. En se séparant de la religion, les experts se sont coupés l'herbe sous le pied en enlevant une raison de les honorer.

    "La société humaine est un corps qui, pareillement à celui de l'homme, a un cerveau et divers organes, comme les poumons et les reins ; mais le cerveau, dans son activité multiple, préside à la direction, à la coordination et à la régularité des phénomènes vitaux ; tout élevé qu'il soit, il n'est pas tout et le seul nécessaire dans l'organisme humain. Le cerveau dans la vie d'un peuple, on peut dire que ce sont ceux qui ont reçu une formation universitaire, semblables à ces maiores ou superiores, que saint Thomas à propos de la foi distinguait des minores ou inferiores, lesquels leur donnent leur adhésion, les écoutent, les suivent et en reçoivent la vérité et la direction." Pie XII.

    Ecclesiastique, CHAPITRE XXXVIII

    1. Honore le médecin, parce qu'il est nécessaire; car c'est le Très-Haut qui l'a créé.

    2. C'est de Dieu, en effet, que vient toute guérison, et le médecin reçoit des présents du roi.

    3. La science du médecin lui fera tenir la tête haute, et il sera loué en présence des grands. 

    4. C'est le Très-Haut qui a produit de la terre les médicaments, et l'homme sage n'aura pas de répugnance pour eux.

    5. L'eau amère n'a-t-elle pas été adoucie par le bois?

    6. Leur vertu est faite pour être connue des hommes, et le Très-Haut en a donné la science aux hommes, afin qu'ils soient honorés par ses merveilles.

    7. Par elles on apaise la douleur en la guérissant; le pharmacien en fait des compositions agréables, et il compose des onctions qui rendent la santé, et il diversifie son travail en mille manières.

    8. Car la paix de Dieu s'étend sur la surface de la terre.

    9. Mon fils, si tu tombes malade, ne te néglige pas toi-même; mais prie le Seigneur, et Il te guérira.

    10 Détourne-toi du péché, redresse tes mains et purifie ton coeur de toute faute.

    11 Offre un encens de bonne odeur et l'oblation de fleur de farine, et que ton sacrifice soit généreux; donne ensuite accès au médecin.

    12 Car c'est le Seigneur qui l'a créé; qu'il ne te quitte donc point, parce que son art t'est nécessaire.

    13 Il viendra un temps où tu tomberas entre leurs mains;

    14 et ils prieront eux-mêmes le Seigneur, afin qu'Il envoie par eux le soulagement et la santé, à cause de leur vie sainte.

    15. L'homme qui pèche en présence de Celui qui l'a créé, tombera entre les mains du médecin.

    Pie XII : "L'Eglise ne peut jamais perdre de vue ce but strictement religieux, surnaturel. Le sens de toutes ses activités, jusqu'au dernier canon de son Code, ne peut être que d'y concourir directement ou indirectement. Les papes du XVe siècle, à partir de Nicolas V, ont suivi avec beaucoup d'intérêt le mouvement culturel de la Renaissance. Ils l'ont fait, au début du moins, pour relayer en quelque sorte ce mouvement et ne pas le laisser s'égarer sur des voies étrangères à la pensée chrétienne. Mais l'histoire après coup s'est demandé si, avec le temps, les hommes d'Eglise n'ont pas subi le charme de l'humanisme au point de lui sacrifier en partie leur tâche principale, s'il est vrai qu'à cette époque, précisément aux environs de 1500, il a fallu rappeler avec force le sens religieux de la vie et celui de la croix du Christ. Le conflit de la religion et de la culture, à ce moment si important de l'histoire, contribue à mettre en relief l'indépendance radicale de l'Eglise vis-à-vis des activités et des valeurs culturelles.

    Cependant l'indépendance de l'Eglise ne signifie pas indifférence l'égard de la culture.

    D'autre part, on ne peut pas interpréter la conscience qu'a l'Eglise de cette indépendance comme le fruit d'un certain pessimisme à l'égard de la culture ; on s'y complut volontiers au XIXe siècle et par contre-coup on détermina chez les savants et les publicistes catholiques comme aussi dans la vie courante, une insistance exagérée sur la sympathie de l'Eglise pour la culture. Aujourd'hui, les ravages matériels et spirituels, que deux guerres mondiales et leurs conséquences entraînèrent pour l'humanité sans égard aucun pour les pays de vieille culture, ont ramené plus de sobriété et d'objectivité dans l'étude de la question. On n'ose plus guère reprocher à l'Eglise de se montrer hostile à la culture ; l'Eglise par contre est convaincue que l'humanité estime et cherche en elle, avant tout, ses ressources religieuses et morales. Ce sont celles-ci en fait qui commandent l'attitude de l'Eglise envers la culture.

    La nature et la Révélation, l'histoire et l'expérience sont d'accord pour montrer que l'activité culturelle met en oeuvre des aptitudes conférées par le Créateur à la nature humaine, et exécute un ordre qu'il a donné expressément : « Remplissez la terre et soumettez-la » (Gen. I, 28). Dans les grandes civilisations que la recherche scientifique a révélées, la culture était toujours liée organiquement à la religion. Point d'évolution culturelle saine sans un équilibre approximatif entre les progrès matériels et les progrès spirituels et moraux. Toute déviation dans l'évolution culturelle a sa cause profonde dans l'écart qui s'est creusé entre ces deux facteurs. Il n'y eut jamais de peuple sans religion. L'irréligiosité implique toujours la volonté de se séparer de la religion, une négation, un rejet, jamais une attitude originelle, ni durable. La décadence culturelle est d'habitude précédée d'une décadence de la vie religieuse. Si donc la religion, comme Nous le disions, est radicalement indépendante des formes et des degrés de la culture, par contre la culture qui se veut authentique, saine et durable, appelle d'elle-même une relation intime à la religion."

    NDR : On voit donc qu'il y a eu un problème avant la Renaissance, lors de ce temps d'arrêt de la civilisation chrétienne. Car qui n'avance pas en vertu et se perd dans les sciences recule. Comme le dit l'Imitation de J-C : "Quand j'aurais toute la science du monde, si je n'ai pas la charité, à quoi cela me servirait-il devant Dieu, qui me jugera sur mes oeuvres ? Modérez le désir trop vif de savoir; on ne trouvera là qu'une grande dissipation et une grande illusion. Les savants sont bien aise de paraître et de passer pour habiles." Saint Augustin dit que « la vie d'un bon chrétien est un désir continuel de la perfection. » Donc si on s'occupe des sciences, on risque de trop s'y plonger au point de ne plus se soucier assez de son salut éternel, ce qui est le danger de l'étude : il arrivera alors à l'homme de science ce qui est arrivé aux malheureux humanistes.

    Mgr Delassus : La Renaissance est donc le point de départ de l'état actuel de la société. Tout ce dont nous souffrons vient de là. Si nous voulons connaître notre mal, et tirer de cette connaissance le remède radical à la situation présente, c'est à elle qu'il faut remonter. Les Pères de l'Église, avons-nous dit, avaient recommandé l'étude des littératures anciennes, et cela pour deux raisons : ils trouvaient en elles un excellent instrument de culture intellectuelle, et ils en avaient fait un piédestal à la Révélation; ainsi la raison est le support de la foi.

    Fidèles à cette direction, l'Église, et en particulier les moines, mirent tous leurs soins à sauver du naufrage de la barbarie les auteurs anciens, à les copier, à les étudier, à les faire servir à la démonstration de la foi.

    Il était donc tout naturel que lorsque commença en Italie le renouveau littéraire et artistique, les papes s'y montrassent favorables.

    Aux avantages ci-dessus marqués, ils voyaient s'en ajouter d'autres, d'un caractère plus immédiatement utile à cette époque. Dès le milieu du XIIIe siècle, des relations suivies avaient été engagées entre la papauté et le monde grec pour obtenir le retour des Églises d'Orient à l'Église romaine. De part et d'autre on s'envoyait des ambassades. La connaissance du grec était nécessaire pour argumenter contre les schismatiques et leur offrir la lutte sur leur propre terrain.

    La chute de l'Empire byzantin donna occasion pour ce genre d'études à une nouvelle et décisive impulsion. Les savants grecs, apportant en Occident les trésors littéraires de l'antiquité, excitèrent un véritable enthousiasme pour les lettres païennes, et cet enthousiasme ne se manifesta nulle part davantage que parmi les gens d'Église. L'imprimerie vint à point pour les multiplier et pour en rendre l'acquisition infiniment moins onéreuse.

    Enfin l'invention du télescope et la découverte du Nouveau- Monde ouvraient aux pensées de plus larges horizons. Ici encore nous voyons les papes, et tout d'abord ceux d'Avignon, par leur zèle à envoyer des missionnaires dans les pays lointains, apporter un nouveau stimulant à la fermentation des esprits, bonne dans son principe, mais dont l'orgueil humain abusa, comme nous le voyons de nos jours abuser des progrès des sciences naturelles.

    Les papes furent donc amenés, par toutes sortes de circonstances providentielles, à appeler et à fixer auprès d'eux les représentants attitrés du mouvement littéraire et artistique dont ils étaient témoins. Ils s'en firent un devoir et un honneur. Ils prodiguèrent les commandes, les pensions, les dignités à ceux qu'ils voyaient s'élever par leurs talents au-dessus des autres. Malheureusement, le regard fixé sur le but qu'ils voulaient atteindre, ils ne prirent point assez garde à la qualité des personnes qu'ils encourageaient ainsi.

    Pétrarque, que l'on s'accorde à appeler « le premier des humanistes », trouva à la cour d'Avignon la plus haute protection, et y reçut la charge de secrétaire apostolique. Dès lors s'établit à la cour pontificale la tradition de réserver les hautes fonctions de secrétaires apostoliques aux écrivains les plus en renom, de sorte que ce collège devint bientôt l'un des foyers les plus actifs de la Renaissance. On y vit de saints religieux tels que le Camaldule, Ambroise Traversari, mais malheureusement aussi de grossiers épicuriens tels que Pogge, Filelfe, l'Arétin et bien d'autres. Malgré la piété, malgré même l'austérité personnelle dont les papes de cette époque édifièrent l'Église, ils ne surent, à raison de l'atmosphère qui les enveloppait, se défendre d'une condescendance trop grande pour des écrivains qui, bien qu'à leur service, devinrent bientôt, par la pente à laquelle ils s'abandonnèrent, les ennemis de la morale et de l'Église. Cette condescendance s'étendit aux oeuvres elles-mêmes bien que, somme toute, elles fussent la négation du christianisme.

    Toutes les erreurs qui depuis ont perverti le monde chrétien, tous les attentats perpétrés contre ses institutions, ont eu là leur source ; on peut dire que tout cela a été préparé par les humanistes. Déjà Pétrarque avait puisé dans le commerce de l'antiquité des sentiments et des idées qui auraient affligé la cour pontificale, si elle en avait mesuré les conséquences. Lui, il est vrai, s'inclina toujours devant l'Église, sa hiérarchie, ses dogmes, sa morale ; mais il n'en fut pas ainsi de ceux qui le suivirent, et l'on peut dire que c'est lui qui les mit sur la voie mauvaise où ils s'engagèrent. Ses critiques contre le gouvernement pontifical autorisèrent Valla à saper le pouvoir temporel des papes, à dénoncer en eux les ennemis de Rome et de l'Italie, à les présenter comme les ennemis des peuples. Il alla même jusqu'à nier l'autorité spirituelle des Souverains Pontifes dans l'Église, refusant aux papes le droit de se dire les « vicaires de Pierre». D'autres firent appel au peuple ou à l'empereur pour rétablir, soit la république romaine, soit l'unité italienne, soit un empire universel : toutes choses que nous voyons de nos jours, ou tentées (1848), ou réalisées (1870), ou présentées comme le terme des aspirations de la franc-maçonnerie.

    Àlberti prépara une autre sorte d'attentat, le plus caractéristique de la civilisation contemporaine. Juriste en même temps que littérateur il composa un traité du droit. Il y proclamait « qu'à DIEU doit être laissé le soin des choses divines, et que les choses humaines sont de la compétence du juge ». C'était, comme l'observe M. Guiraud, proclamer le divorce de la société civile et de la société religieuse ; c'était ouvrir les voies à ceux qui veulent que les gouvernements ne poursuivent que des fins temporelles et restent indifférents aux spirituelles, défendent les intérêts matériels et laissent de côté les lois surnaturelles de la morale et de la religion ; c'était dire que les pouvoirs terrestres sont incompétents ou doivent être indifférents en matière religieuse, qu'ils n'ont point à connaître DIEU, qu'ils n'ont pas à faire observer sa loi. C'était en un mot formuler la grande hérésie sociale du temps présent, et ruiner par sa base la civilisation des siècles chrétiens. Le principe proclamé par ce secrétaire apostolique renfermait en germe toutes les théories dont se réclament nos modernes » défenseurs de la société laïque ». Il n'y avait qu'à laisser ce principe se développer pour arriver à tout ce dont nous sommes aujourd'hui les témoins attristés.

    Attaquant ainsi par la base la société chrétienne, les humanistes renversaient en même temps dans le coeur de l'homme la notion chrétienne de sa destinée. « Le ciel, écrivait Collaccio Salutati dans ses Travaux d'Hercule, appartient de droit aux hommes énergiques qui ont soutenu de grandes luttes ou accompli de grands travaux sur la terre. » On tira de ce principe les conséquences qui en sortaient. L'idéal antique et naturaliste, l'idéal de Zenon, de Plutarque et d'Épicure, était de multiplier à l'infini les énergies de son être en développant harmonieusement les forces de l'esprit et celles du corps. Ce devint l'idéal que les fidèles de la Renaissance substituèrent dans leur conduite, aussi bien que dans leurs écrits, aux aspirations surnaturelles du christianisme. Ce fut de nos jours l'idéal que Frédéric Nietzsche poussa à l'extrême en prônant la force, l'énergie, le libre développement de toutes les passions comme devant faire arriver l'homme à un état supérieur à celui où il se trouve, comme devant produire le surhomme.

    Pour ces intellectuels, et ceux qui les écoutèrent, et ceux qui jusqu'à nos jours se sont faits leurs disciples, l'ordre surnaturel fut, plus ou moins complètement, mis de côté ; la morale devint la satisfaction donnée à tous les instincts ; la jouissance sous toutes ses formes fut l'objet de leurs poursuites. La glorification du plaisir était le sujet préféré des dissertations des humanistes. Laurent Valla affirmait dans son traité De Voluptate que « le plaisir est le vrai bien, et qu'il n'y a d'autres biens que le plaisir ». Cette conviction l'amena, lui et bien d'autres, à poétiser les pires débauches. Ainsi étaient prostitués les talents qui auraient dû être employés à vivifier la littérature et l'art chrétiens.

    Sur tous les points, le divorce se faisait donc entre les tendances de la Renaissance et les traditions du christianisme. Tandis que l'Église continuait à prêcher la déchéance de l'homme, à affirmer sa faiblesse et la nécessité d'un secours divin pour l'accomplissement du devoir, l'humanisme prenait les devants sur Jean-Jacques Rousseau pour proclamer la bonté de la nature: il déifiait l'homme. Tandis que l'Église assignait à la vie humaine une raison et un but surnaturels, plaçant en Dieu le terme de notre destinée, l'humanisme, redevenu païen, limitait à ce monde et à l'homme lui-même l'idéal de la vie.

    De l'Italie, le mouvement gagna les autres parties de l'Europe.

    En Allemagne, le nom de Reuchlin fut, sans que ce savant le voulût, le cri de guerre de tous ceux qui travaillèrent à détruire les Ordres religieux, la scolastique et, en fin de compte, l'Église elle-même. Sans le scandale qui se fit autour de lui, Luther et ses disciples n'eussent jamais osé rêver ce qu'ils ont accompli.

    Aux Pays-Bas, Érasme prépara, lui aussi, les voies à la Réforme par son Eloge de la Folie. Luther ne fit que proclamer tout haut et exécuter hardiment ce qu'Érasme n'avait cessé d'insinuer.

    La France s'était également empressée d'accueillir chez elle les lettres humaines ; elles n'y produisirent point, du moins dans Tordre des idées, d'aussi mauvais effets. Il n'en fut point de même pour les moeurs. « Depuis que les moeurs des étrangers ont commencé à nous plaire, — dit le grand chancelier du Vair, qui a vu ce dont il parle, — les nôtres se sont tellement perverties et corrompues, que nous pouvons dire : Longtemps il y a que nous ne sommes plus français. »

    Nulle part les chefs de la société n'eurent assez de clairvoyance pour opérer le départ de ce qu'il y avait de sain et de ce qu'il y avait d'infiniment dangereux dans le mouvement d'idées, de sentiments, d'aspirations qui reçut le nom de Renaissance. De sorte que partout l'admiration pour l'antiquité payenne passa de la forme au fond, des lettres et des arts à la civilisation. Et la civilisation commença à se transformer pour devenir ce qu'elle est aujourd'hui, en attendant d'être ce qu'elle se montrera demain.

    DIEU cependant ne laissa point son Église sans secours, en cette épreuve pas plus qu'en aucune autre. Des saints, entre autres saint Bernardin de Sienne, ne cessèrent d'avertir et de montrer le danger. Ils ne furent point écoutés. Il fallut le cataclysme de la Réforme pour ouvrir les yeux sur les séductions malsaines de la Renaissance."

    NDR : On voit donc que la vraie liberté n'est certainement pas la liberté de débauche, de la recherche du plaisir, de la liberté d'expression de toutes sortes d'inepties qui décrédibilisent l'homme aux yeux des autres. La vraie liberté est celle du coeur, en premier lieu. 

    Mgr Delassus : Le protestantisme nous vint de l'Allemagne et surtout de Genève, se communiqua d'individu à individu, gagna de province en province. L'historien allemand et protestant Ranke nous dit quel fut son grand moyen de séduction : la licence, que la Renaissance avait mise en honneur. « Beaucoup de gens embrassèrent la Réforme, dit-il, avec l'espérance qu'elle leur assurerait une plus grande liberté dans la conduite privée. » C'est qu'en effet il y a entre le catholicisme et le protestantisme, tel qu'il fut prêché par Luther, une différence radicale sous ce rapport. Le catholicisme promet des récompenses futures à la vertu et menace le vice de châtiments éternels; parla, il met aux passions humaines le frein le plus puissant. La Réforme, elle, venait promettre le paradis à tout homme, même le plus criminel, sous la seule réserve d'un acte de foi intérieur à sa justification personnelle par l'imputation des mérites du CHRIST. Si, par le seul effet de cette persuasion qu'il est facile de se donner, les hommes sont assurés d'aller en paradis tout en continuant à se livrer au péché, même au crime, bien sot serait celui qui renoncerait à se procurer ici-bas tout ce qu'il trouve à sa portée. [NDR : évidemment, bien sot plutôt est en réalité celui qui s'engage dans l'esclavage des passions, malheureusement.].

    NDR : Après avoir lu St Liguori et connu d'expérience ce que valent les valeurs du monde, on sourirait face à l'absurde, si il n'y avait pas eu tant de conséquences funestes, par rapport aux idées des révolutionnaires : 

    Mgr Delassus : Tous les maçons, fussent-ils princes, étaient « Frères». L'égalité qu'elle établissait entre eux marquait que ce qu'elle s'était donné la mission d'établir dans le monde, ce n'était point l'égalité que nous tenons de notre commune origine et de nos communes destinées, mais l'égalité sociale, celle qui doit abolir toute hiérarchie et par conséquent toute autorité. Le mot liberté accolé à celui d'égalité venait accentuer au dernier point cette signification. Il disait que l'égalité voulue ne se trouverait que dans la liberté, c'est-à-dire dans l'indépendance de tous à l'égard de tous, après la rupture de tous les liens qui rattachent les hommes les uns aux autres. Donc, plus de maîtres ni de magistrats, plus de prêtres ni de souverains, et par suite de subordonnés à quelque titre que ce soit : tous égaux sous le niveau maçonnique, tous libres de la liberté des animaux, pouvant suivre leurs instincts.

    Disciples de J.-J. Rousseau, les Conventionnels de 1792 donnèrent pour fondement au nouvel édifice ce principe, que l'homme est bon par nature; là-dessus, ils élevèrent la trilogie maçonnique : liberté, égalité, fraternité. Liberté à tous et pour tout, puisqu'il n'y a en l'homme que de bons instincts ; égalité, parce que, également bons, les hommes ont des droits égaux en tout; fraternité, ou rupture de toutes les barrières entre individus, familles, nations, pour laisser le genre humain s'embrasser dans une République universelle. En fait de religion, on organisa le culte de la nature. Les humanistes de la Renaissance l'avaient appelé de leurs voeux. Les protestants n'avaient osé pousser la Réforme jusque-là. Nos révolutionnaires le tentèrent. « Le grand but poursuivi par la Révolution, disait Boissy d'Anglas, c'est de ramener l'homme à la pureté, à la simplicité de la nature. » Poètes, orateurs, Conventionnels, ne cessaient de faire entendre des invocations à « la Nature ». Et le dictateur Robespierre marquait en ces mots les tendances, la volonté des novateurs ; « Toutes les sectes doivent se confondre d'elles-mêmes devant la religion universelle de la Nature. » C'est actuellement ce que veut l'Alliance Israélite Universelle, ce à quoi elle travaille, ce qu'elle a mission d'établir dans le monde, seulement avec moins de précipitation et plus de savoir-faire.

    NDR : Non, ce n'est pas parce que Mgr Delassus est contre les idées de certains juifs qu'il est antisémite. Antisémite veut dire anti origine juive. Jésus-Christ, sa Mère la Ste Vierge, les Apôtres ou encore un Vénérable, le Père Libermann, St Paul, ex-raciste/nationaliste, ou encore l'actuelle convertie Véronique Lévy sont tous juifs, entre autres : comment croire que les catholiques soient donc soupçonnés d'être contre ceux d'origine juive... Certains, qui ne sont pas forts en distinctions, font des amalgames blessants.

    Le problème n'est donc pas sur le plan de l'origine mais sur le plan des idées et des façons de vivre et d'agir. Ce qui fait le juif est avant tout sa religion. On appartient à une religion par degrés. Certains n'ont donc qu'un vernis de religion. Par ailleurs, il peut exister différentes branches religieuses dans une même religion. Ainsi, les orthodoxes, ceux de Vatican II et protestants qui se sont séparés du catholicisme, ou encore les chiites et sunnites pour l'islam... L'"islam des lumières" n'a strictement rien à voir avec l'islamisme. La haine de certains fanatiques juifs remonte à la crucifixion du Seigneur. Elle se continua dans les persécutions des premiers chrétiens, en commençant par st Etienne. D'autres, comme le petit st Siméon ou Simon, fêté le 24 mars, fut cruellement martyrisé en haine du catholicisme par des fanatiques juifs particulièrement cinglés à Trente, en 1475. (voir Bollandistes) On prétend que les meurtres rituels n'existaient pas pour certains fanatiques juifs. Pour ma part, je pense que certains fanatiques ont pu aller jusque là, comme le prouve st Simon. Mais comme st Etienne, nous devons pardonner, aimer ceux qui nous persécutent, prier pour nos ennemis afin qu'ils se transforment en st Paul, éviter de s'exposer en occasions dangereuses et ne pas soupçonner à tort les juifs du coin qui ne sont pas forcément des fanatiques. Et il faut reconnaître que des juifs ont été persécuté par des chrétiens (et non par le catholicisme qui interdit la vengeance) à cause de cet antagonisme de départ : la haine appelant la haine. Mais l'Eglise n'accepta jamais les camps de concentration ou toute injustice. Car l'Eglise, c'est le respect des 10 commandements.

    Voyons comment le démon incite à la haine ou la luxure : 

    Liguori : "Remarquons que le démon, quand il tente les personnes pieuses [NDR : ou des personnes éloignées du vice qu'il veut leur faire contracter], ne cherche pas de prime abord à les jeter dans des péchés graves, ainsi que nous l'avons déjà fait observer en parlant des occasions. Au commencement, il se contente de les lier avec un cheveu; car, s'il voulait dès le principe les attacher avec une chaîne, comme des esclaves, elles en auraient horreur et s'enfuiraient; mais, lorsqu'elles ont le malheur de se laisser lier avec un mince cheveu, l'ennemi parvient plus facilement à les attacher ensuite avec un fil, puis avec une corde ; enfin, il les charge de chaînes et les rend esclaves de l'enfer.- Posons un exemple : telle personne, après avoir eu un différend avec quelqu'un, en conserve dans son coeur quelque ressentiment; voilà le cheveu. [NDR : cheveux qu'on peut se faire lier sur twitter, d'où encore une fois l'importance d'installer progressivement la censure, et pas seulement des avis plus ou moins inutiles comme "fumer tue", ou "attention, le milieu de l'extrême contient des risques de rendre racistes, discriminatoires, antisémites, violents, mauvais, avaricieux-nationalistes"... Les réseaux sociaux sont  en effet plus ou moins dopants pour certains.] Après cela, elle ne lui parle plus, ne la salue plus; voilà le fil. Elle se met à en dire du mal, à l'injurier; c'est la corde. Et s'il survient encore un nouveau sujet d'irritation, elle conçoit une haine mortelle, qui est la chaîne par laquelle le démon en fait son esclave. - Ou bien, on se laisse prendre de quelque affection trop humaine envers une personne; on entretient d'abord ce sentiment sous prétexte de reconnaissance; après quoi viennent les petits présents réciproques, puis les paroles affectueuses; la passion finit par éclater, et voilà qu'on se trouve enlacé dans une chaîne de mort."

    Mgr Delassus : Rien ne pouvait mieux répondre aux aspirations des humanistes de la Renaissance. Dans la fête du 10 août 1793, une statue de la Nature fut élevée sur la place de la Bastille, et le président de la Convention, Hérault de Séchelles, lui adressa cet hommage au nom de la France officielle : « Souveraine des sauvages et des nations éclairées, ô Nature! ce peuple immense, assemblé aux premiers rayons du jour devant ton image, est digne de toi. Il est libre ; c'est dans ton sein, c'est dans tes sources sacrées, qu'il a recouvré ses droits, qu'il s'est régénéré. Après avoir traversé tant de siècles d'erreurs et de servitude, il fallait rentrer dans la simplicité de tes voies pour retrouver la liberté et l'égalité. Nature, reçois l'expression de l'attachement éternel des Français pour tes lois ! »

    NDR : On m'excusera si je refuse complètement et totalement le naturalisme, qui veut se faire l'apologie des passions. Les passions mettent en esclavage l'homme : qu'on me laisse donc rire si on les appelle libertés. La devise française est liberté, égalité, fraternité. He bien, je préfère interpréter ces valeurs de la République chrétiennement : liberté des enfants de Dieu à l'égard des passions, égalité de tous sous le commandement de Dieu seul et de ceux qu'il a délégué à cet effet par droit divin, fraternité des hommes descendants tous d'Adam et tous rachetés par le même Dieu fait homme, fraternité surtout des catholiques entre eux partageant la même foi, les mêmes dogmes, les mêmes doctrines, la même morale, la même appartenance au Corps Mystique du Christ qui est l'Eglise. Et pourquoi pas le symbole d'une Marianne bien habillée sans bonnet phrygien (non synonyme de liberté mais de licence), qui réhabilite la véritable dignité de la femme : Marie, Mère de Dieu, et ste Anne sa Mère. Un Etat où ceux qui commandent ont appris à obéir, et où on obéit avec dignité non par peur, par servage ou prolétariat, mais à cause de l'ordre divin. J'aime ces patrons incognitos qui font semblants d'être des employés, et apprennent ainsi l'obéissance, l'humilité et l'indulgence.

    Après tout, on peut donner aux symboles et aux mots, susceptibles de diverses significations, les sens que l'on veut. On voit par exemple le terme laïcité, devenu comme synonyme de laïcisme : "Dans le monde présent domine largement le « laïcisme » qui représente l'effort de l'homme pour se passer de Dieu ; tendance vaine et entreprise impie qui revêt, selon les temps et les pays, divers aspects et divers noms : indifférence, négligence, mépris, révolte ou haine." Pie XII.

    On change aussi des mots avec d'autres : la liberté de conscience de Vatican II n'est autre chose que le libre-examen catholique libéral : "Au demeurant, les catholiques libéraux s'intitulent catholiques, parce qu'ils croient fermement que le catholicisme est la véritable révélation du Fils de Dieu ; mais ils s'intitulent catholiques-libéraux ou catholiques-libres, parce qu'ils jugent que ce qu'ils croient ne peut être imposé à eux-mêmes et à personne pour aucun motif supérieur à celui de leur libre appréciation. De telle sorte que, à leur insu, le diable a malicieusement substitué en eux le principe naturaliste du libre examen au principe surnaturel de la foi ; d'où il résulte que, tout en se figurant avoir la foi des vérités chrétiennes, ils ne l'ont pas, et qu'ils en ont seulement une simple conviction humaine : ce qui est tout différent." Don Sarda.


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  • Pourquoi voir du complot partout. J'ai vu des histoires de complots ou ragots de toutes sortes fleurir partout. Avec le Covid ou autres... Du platisme, qui veut que la terre soit plate... Des chemtrails qui polluent aussi bien les pauvres que les riches... Rappelons déjà quelque chose de très très grave : cela s'appelle la CALOMNIE. Est-ce que, oui ou non, en croyant à ces complots par jugement téméraire, sans preuves suffisantes, vous ne contribuez pas à calomnier à votre tour? Donc tout complot ne peut pas être cru sans l'avoir bien vérifié, ou alors on juge témérairement, puis on colportera ensuite des CALOMNIES. Mieux vaut avoir mal jugé que jugé en mal. Ne jugez pas et vous ne serez pas jugé. Pardonnez et on vous pardonnera. Faites miséricorde, et on vous fera miséricorde.

    Ne faites pas ceux qu'on pourrait mettre dans la catégorie des gens pénibles qui passent leur temps à râler sur les réseaux sociaux sans raison valable. "Il est mieux, dit le même saint Augustin écrivant à Profuturus, de refuser l’entrée à l’ire juste et équitable que de la recevoir, pour petite qu’elle soit, parce qu’étant reçue, il est malaisé de la faire sortir, d’autant qu’elle entre comme un petit surgeon, et en moins de rien elle grossit et devient une poutre."

    On peut lire les informations, d'accord. Mais on ne peut pas lire n'importe quoi sur Internet, attention : "Toute cette littérature de romans à scandale, de feuilletons licencieux, de magazines décolletés, où l'indécence des gravures ajoute à l'impudeur du texte, doit être rejeté par vous comme un poison et une ordure. De même ces publications soi-disant populaires, où la caricature idiote, grossière et obscène, qui ne respecte rien, vient en aide à des propositions stupides pour réveiller les pires instincts du coeur humain."

    Ce sont "de véritables écoles du vice ; ils respirent l'impudicité, la débauche, l'impiété ; glorifient l'adultère, le suicide ; inspirent le dégoût du devoir, du sacrifice, de la vertu ; exaltent l'imagination, amollissent le cœur et les sens, énervent la volonté. Ils éloignent de la prière et des sacrements, obscurcissent et éteignent la foi. Par là, trop souvent, on en vient à ce degré d'abaissement intellectuelle et moral que l'Apôtre flétrissait en disant : L'homme animalisé ne comprend pas les choses de l'Esprit divin. (I Cor. II, 14)"

    "Ce sont ces lectures malsaines qui font les détraqués, les criminels, les vicieux ; elles conduisent au désespoir, au suicide et à la folie." Le chanoine Girard, L'AMI DES MALADES. 

    Et combien sont devenus quasi fous réellement à force de lire des "complots" de toutes sortes. On voit paraît-il dans Hold up (qui ne m'intéresse pas) une femme se mettre subitement à fondre en larmes, à force d'imaginer des complots sur des écouvillons. Est-ce qu'un chrétien n'a pas autre chose à faire qu'écouter médisance et calomnie, et risquer de faire des jugements téméraires?

    Le seul vrai mal, c'est le péché. Les vrais complots qui méritent réellement de l'attention, ce sont ceux des démons qui errent dans le monde en vue de perdre les âmes et sont loin d'être inactifs, ou encore les complots des prosélytes de l'enfer qui veulent détruire la doctrine catholique. Vatican II et le catholicisme sont essentiellement opposés, l'un prônant l'œcuménisme et l'autre que les autres religions sont des religions menées par les démons. La doctrine catholique démontre que la volonté de comploter contre la vraie doctrine est bien réelle.

    Catéchisme du Concile de Trente : "L’EGLISE EST APOSTOLIQUE. 

    Voici un dernier caractère propre à nous faire distinguer la véritable Eglise, elle vient des Apôtres, dépositaires du grand bienfait de la révélation. Sa doctrine n’est point une chose nouvelle, et qui commence, non, c’est la vérité transmise autrefois par les Apôtres, et répandue par eux dans tout l’univers. Il est donc évident pour tous que le langage impie des hérétiques d’aujourd’hui est absolument contraire à la Foi de la véritable Eglise, puisqu’il est si opposé à la doctrine prêchée par les Apôtres, et depuis eux jusqu’à nous. Voilà pourquoi les Pères du Concile de Nicée, pour faire comprendre à tous quelle était l’Eglise catholique, ajoutèrent au symbole, par une inspiration divine, le mot Apostolique. Et en effet, le Saint-Esprit qui gouverne l’Eglise, ne la gouverne que par des ministres apostoliques (c’est-à-dire par les successeurs légitimes des Apôtres). Cet esprit fut d’abord donné aux Apôtres, mais ensuite, grâce à l’infinie Bonté de Dieu, il demeura toujours dans l’Eglise. Et comme elle est la seule qui soit gouvernée par le Saint-Esprit, elle est aussi la seule qui soit infaillible dans la Foi et dans la règle des mœurs. Au contraire toutes les autres qui usurpent le nom d’Eglises sont sous la conduite de l’esprit du démon, et tombent nécessairement dans les plus funestes erreurs de doctrine et de morale." 

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    Y-a-t-il un "grand complot" contre les catholiques avec le coronavirus? C'est plus la lutte contre les séparatismes qu'il faut plutôt craindre, à cause du culte "des Lumières" qui veut tout niveler. Les attentats montrent qu'il y a danger pour l'Etat, et qui dit danger pour l'Etat demande en effet son intervention. Quel est ce danger? C'est l'islamisme, qui autorise le meurtre, donc laissez les catholiques tranquilles qui disent : Rendez à César ce qui est à César, et qui disent également : Tu ne tueras point. Votre laïcité n'est qu'un mot pour signifier "nivellement". On n'est pas chez les communistes et les Chinois. La nouvelle religion est le Comité d'éthique. La laïcité empêche le croyant d'être lui-même, de vivre sa croyance. Au nom de la laïcité, on a empêché un Calvaire, qui est du patrimoine, d'être érigé sur un lieu public alors qu'il avait plus de quarante ans... Les libres-penseurs fanatiques, héritiers du complotiste Voltaire (C'est lui le masque de fer et autres mystères...) savent se faire une arme de la laïcité pour détruire les religions qu'ils haïssent.

    A cause de la croyance, de nombreux métiers vont ainsi être interdit au croyant : maire, infirmier ou autres. Alors qu'on pourrait imaginer des remplacements pour convictions religieuses, pour certaines fonctions qu'on ne peut pas remplir soi-même? Ah, mais non, sûrement pas. Quand on croit réellement que Dieu existe, il existe pourtant aussi bien quand on est maire ou dans une fonction officielle et on doit agir pour sa gloire dans la fonction publique, ne pas forcément être d'accord par conviction avec la Marseillaise et son sang impur, ou encore ne pas aimer une Marianne et des symboles qui sont tâchés de sang et de discrimination religieuse.

    Pie XII : "Quel pasteur des âmes, quel chrétien qui aime vraiment le Christ peut regarder avec indifférence ces millions d'enfants catholiques qui sont instruits dans des écoles d'où toute formation religieuse est exclue? Est-ce que tous et chacun ne ressentiront pas l'aiguillon du saint zèle et de la charité chrétienne pour procurer à ces membres infortunés de la génération montante l'élément le plus important d'une véritable éducation ?"

    Qu'on doive rester discret parfois, par prudence, pour protéger la foi des blasphèmes et protéger des âmes d'elles-mêmes, d'accord. C'est un devoir catholique de savoir rester discret, voir proche du neutre car on ne peut toujours l'être, puisqu'on doit être catholique partout, quand on enseigne dans un établissement où il y a de multiples confessions religieuses ou athée, afin de ne pas déclencher des problèmes inutiles. 

    "La tendance naturelle de l'homme déchu vers les choses terrestres, son incapacité de comprendre les choses de l'Esprit de Dieu (Cf. Cor. II, 14), sont hélas ! favorisées de nos jours par la complicité de tout ce qui l'entoure. Souvent Dieu n'y est pas nié, ni insulté, ni blasphémé ; Il est comme absent. La propagande pour une vie terrestre sans Dieu est ouverte, séductrice, continuelle. On a fait remarquer avec raison que généralement, même dans les «films » indiqués comme moralement irréprochables, les hommes vivent et meurent comme s'il n'y avait ni Dieu, ni Rédempteur, ni Eglise. Nous ne voulons pas ici contester les intentions; mais il n'en est pas moins vrai que les conséquences de ces représentations cinématographiques neutres sont vraiment étendues et profondes. Il faut y ajouter ensuite la néfaste propagande, délibérément voulue pour la formation de la famille, de la société, de l'Etat sans Dieu. C'est un torrent dont les eaux fangeuses essayent de pénétrer jusque dans le champ cathoIique. Combien en ont été déjà contaminés ! De bouche, ils se disent encore catholiques, mais ils ne s'aperçoivent pas que leur conduite dément par les faits cette profession de foi."

    En réalité, cela montre que la neutralité n'est pas autre chose que la propagande de l'athéisme. Tout simplement. Pourtant, le plus ne sort pas du moins et chaque être organisé montre un Dieu qui l'a organisé. La matière ne sait que produire du désordre, à moins que tout ait été mis en place pour faire produire à la matière de l'ordre, ce qui est possible et est donc une évolution dirigée par Dieu. Et puisque le mouvement perpétuel n'existe pas selon les zététiques, ils doivent avouer que la matière a été mise en mouvement par un premier moteur : Dieu.

    Complot coronavirus.

    On raconte qu'on ne doit pas porter le masque. Erreur, nous devons rester des enfants. "Vous aimerez toujours l'obéissance et la discipline, même si on vous enseigne par ailleurs que l'homme est maître absolu de lui-même." S.S. Pie XII. On obéit même si cela déplaît, pourvu que ce qu'on nous demande ne s'oppose pas à la loi divine. Rendez à César ce qui est à César... On obéit également au médecin, comme le dit l'Ecclesiastique. Je sais bien que le médecin athée ne soigne que l'homme animal, mais là encore, rendez à César... S'il veut utiliser des moyens apparemment illicites et immoraux, discuter de ces moyens avec un prêtre instruit, voir dire non à ces moyens si le prêtre estime qu'ils sont mauvais.

    On raconte que le coronavirus n'est pas dangereux. Mais la grippe est dangereuse, les médecins le disent depuis longtemps... Seulement, on n'en parlait pas, sauf sur des affiches dans les hôpitaux. Oui, c'est vrai, le tabac est nettement plus dangereux, mais peut-être, possiblement, devrait-on l'interdire simplement par classe d'âge, comme la voiturette qui n'est plus sans permis pour ceux nés à partir de 1988?

    La rougeole est la plus meurtrière des maladies, plus que la peste, et pour cause : c'est la plus contagieuse. Même si la plupart de ceux qui ont eu la rougeole se sont rétablis, elle a plus tué que les autres car on n'a pas fait assez attention à sa contagiosité et on ne s'est pas protégé : après tout, on a peu de chances d'en mourir, s'est-on trop dit, ou encore on ignorait les bases de la prévention hygiénique. Mais heureusement, il y a à présent un vaccin contre la rougeole aujourd'hui. On a aussi un vaccin contre le coronavirus, pourvu qu'il ne mute pas trop, mais il est devenu plus contagieux... Bientôt comme la rougeole?! 

    Le premier des cavaliers de l'Apocalypse est Jésus-Christ, qui vient évangéliser. Il est suivi de la peste, la guerre et la famine, parce qu'on a refusé l'Evangile et la doctrine catholique. 

    Car tel est le grand complot des rois, présidents, sénat et députés, celui du psaume II, que nous payons avec le coronavirus :

    "Pourquoi les nations ont-elles frémi : * et les peuples médité des choses vaines ? Les rois de la terre se sont levés, et les princes se sont assemblés * contre le Seigneur et contre son Christ. Rompons leurs liens : * et jetons loin de nous leur joug . Celui qui habite dans les cieux se rira d’eux : * et le Seigneur se moquera d’eux. Alors Il leur parlera dans sa colère, * et Il les épouvantera dans sa fureur. Pour moi, j’ai été établi Roi par lui sur Sion, sa montagne sainte, * annonçant son décret. Le Seigneur m’a dit : * Tu es mon Fils ; je t’ai engendré aujourd’hui. Demande-moi et je te donnerai les nations pour ton héritage, * et pour ton domaine les extrémités de la terre. Tu les gouverneras avec une verge de fer, * et tu les briseras comme le vase du potier.

    Et maintenant, ô rois, comprenez : * apprenez, vous qui jugez la terre. Servez le seigneur avec crainte : * et réjouissez-vous en lui avec tremblement. Embrassez la doctrine, de peur que le Seigneur ne s’irrite, * et que vous ne périssiez hors de la voie juste. Lorsque bientôt s’enflammera sa colère : * heureux tous ceux qui ont confiance en lui."

    Gloire au Père, et au Fils, * et au Saint-Esprit. Comme il était au commencement, et maintenant, et toujours, * et dans les siècles des siècles. Ainsi-soit-il.

    Le "Grand Complot"

    On raconte que les masques empêchent de respirer, etc... On sait bien que c'est désagréable, allergène parfois, mais cela n'empêche pas qu'on ne voit pas bien en quoi il y a mort d'homme. Certes, avec la pollution atmosphérique conjuguée, l'hypoxie ou autres vont sans doute très légèrement diminuer l'espérance de vie. Mais je signale aussi que ces masques s'efforcent de sauver la vie des personnes âgées et des fragiles. Récemment, un membre de ma famille médecin a sauvé une mamie. Cette mamie a attrapé le coronavirus à cause d'un jeune insouciant qui savait l'avoir, mais voulait faire ce qu'il voulait. Et la mamie est partie aux urgences grâce à lui! Donc un positif à l'isolement, sauf cas de force majeure, cela peut arriver.

    Cependant, les masques sont-ils si utiles? Les soignants dans les hôpitaux ont toujours mis des masques... Donc un virus dangereux mérite un masque. D'ailleurs, c'est aussi bien que les gens apprennent enfin à faire attention quand ils sont malades pour ne pas faire attraper leurs microbes, au nom de conventions sociales et de politesse. On a évité cet hiver des gastro, grippes et autres grâce aux gestes barrières.

    On raconte qu'on nous inocule exprès la maladie et que le virus est finalement bénin. Pas si bénin, depuis le temps que les médecins s'efforcent déjà de faire comprendre les dangers de la grippe, qui mérite aussi le masque. Je me souviens de l'exemple de cette petite fille qui a perdu les jambes à cause de la grippe. On ne sait pas qui la maladie va frapper et le coronavirus peut envoyer pendant des semaines à l'hôpital, dans des conditions horribles.. Alors autant prendre ses précautions, car comme dit la Bible : "Qui aime le danger périra." Elle-même parle des précautions que l'on devait prendre face aux lépreux contagieux.

    On raconte que les masques en tissu valent mieux que ceux en papier. Les principes d'hygiène disent depuis longtemps le contraire, surtout à l'hôpital, avec des objets à usage unique. 

    Le "Grand Complot"

    On raconte la distanciation physique. En fait, on ne sait pas trop quelle est la bonne distance, mais bon, la logique veut que plus on est prêt d'un contagieux, plus il risque d'être environné de microbes. Donc, quand on a été en contact avec un malade de la grippe ou du coronavirus, on peut être porteur sain contagieux, et il est donc bon de penser à protéger les autres qui seraient vulnérables, même si nous-mêmes n'avons pas de symptômes. On peut être porteur sain de la grippe ou asymptomatique 24 heures avant de la déclarer. Ce qui est nouveau avec le coronavirus, c'est sa capacité à être transmis par des porteurs en apparence sains, non plus asymptomatiques pendant 24 h, comme avec la grippe, mais de 3 à 14 jours... D'où le port du masque recommandé. Cependant, il est bon de ne pas faire de distanciation quant à la vie sociale, l'isolement étant nocif. On peut aller voir une personne âgée avec un masque chirurgical seulement plutôt que de ne pas aller la voir.

    Le "Grand Complot"

    On ne voit pas bien pourquoi le masque dans les rues. Mais l'effet aérosol fait que le virus reste en suspension dans l'air 10 minutes... Quand on secoue un tapis, la poussière reste quelque temps suspendue dans les airs, pareil. Donc, pour éviter l'aspersion des autres de nos aérosols, on en capture une partie en portant le masque. D'ailleurs le masque protège légèrement. Cela peut être suffisant pour éviter de contracter la maladie. Voir le modèle emmental à ce lien : https://www.numerama.com/sciences/661291-covid-19-le-modele-emmental-montre-aussi-pourquoi-la-desinformation-est-si-grave.html

    Le "Grand Complot"

    "Les gestes barrières contre le coronavirus fonctionnent comme un ensemble. Seuls, ils ont peu d’utilité. Il serait absurde de porter un masque, mais de se tenir à 50 cm de quelqu’un quand c’est évitable ou de ne pas se laver les mains en rentrant. Tous ces gestes doivent être combinés, d’autant plus que certains servent à se protéger, d’autres à protéger les autres. Ils sont importants dans les deux sens, puisque combattre une crise sanitaire revient à allier l’individuel et le collectif.

    En gestion des crises, il existe le modèle du fromage suisse — ou de l’emmental. Chaque tranche représente une mesure de sécurité. Chaque trou de l’emmental représente les failles de la mesure. Mais en combinant les tranches — et donc les mesures de sécurité — chaque faille de chaque mesure devient moins risquée, jusqu’à constituer une solide défense." Source : Numerama.

    On raconte les vaccins. Celui de la rougeole, par exemple, est important pour les enfants, car la rougeole très contagieuse, tue de temps à autre et on pourrait l'éradiquer si tout le monde se vaccinait. Le vaccin contre le tétanos est par exemple considéré comme très utile. Dans les vaccins, l'important est d'observer le rapport bénéfice/risque. Car le risque existe dans les deux cas. Rappelons quand même que se mettre comme adjuvant de l'aluminium (presque rien comme c'est le cas dans les vaccins) dans le sang ou des corps étrangers peut provoquer des maladies auto-immunes et des effets secondaires. 

    Depuis le temps que nous avons peur des virus résistants aux antibiotiques de la tuberculose ou autres, on peut craindre une pandémie bien pire. J'écrivais : "Ce qui serait terrible, c'est si un jour la rougeole, hypercontagieuse, se transformait en quelque chose de pire, mais on n'y est pas, fort heureusement..." On s'en rapproche aujourd'hui, avec un coronavirus mutant possiblement plus contagieux. Avec un coronavirus encore plus contagieux, on peut craindre le pire. Un coronavirus contagieux comme la rougeole est un cauchemar, et impossible de s'en débarrasser sans vaccin. Même si le cancer et le tabac restent aussi des cauchemars bien pires, eux aussi. Même si des médecins trop sûrs d'eux croient qu'il n'y a pas encore à s'inquiéter. Sauf que le coronavirus original moins contagieux n'a pas pu rester cantonné en Chine et que deux confinements n'ont pas suffi pour ce virus moins contagieux... On a déjà le virus mutant en Italie, d'ailleurs, un peu trop tard pour le principe de précaution, sauf à gagner un peu de temps pour la vaccination des plus fragiles.

    Pour combattre le tabac, je me demandais mais ce n'est pas forcément possible, pourquoi, peut-être, ne pas faire comme pour la voiturette "sans permis", soit interdire de fumer à ceux qui vont avoir 18 ans au passage de cette loi, comme on ne peut plus avoir de voiturette sans permis à moins d'être nés avant 1988? C'est clairement un problème grave de santé publique.

    Cependant, croyons que Dieu nous protégera, et seulement si nous prenons les précautions humainement possibles, car qui aime le danger périra. "Lorsque bientôt s’enflammera sa colère : * heureux tous ceux qui ont confiance en lui." Ps. II. Dieu ne protège pas les présomptueux s'ils se mettent eux-mêmes en occasion dangereuse. Ainsi st Pierre qui, trop sûr de lui, fut abandonné à lui-même et renia trois fois son Maître... Porter sur soi le Sacré-Coeur ou la Médaille miraculeuse sur lequel il est gravé paraît indiqué, puisque le remède fut salutaire à Marseille. C'est Dieu qui envoie la maladie, ou protège et conserve en santé. Si on utilise avec le modèle de l'emmental les moyens spirituels comme les sacramentaux, c'est que Dieu voulait vraiment qu'on soit malades, pour notre santé spirituelle et celle des autres (offrande de ses souffrances pour les âmes), et pour acquérir des mérites et du paradis, car une souffrance bien supportée=un degré de paradis ensuite.

    C'est très dangereux pour tous, cette peste, à mon point de vue, on n'évitera pas les morts et j'ai peur qu'on n'ait seulement retardé l'échéance pour beaucoup d'anciens ou atteints de comorbidités. La crise économique qui s'ensuit et s'ensuivra amène et amènera une certaine famine à ceux habitués à plus d'abondance. La perte du goût n'est-elle pas une famine, les restaurants et bars fermés obligent à apprendre à se contenter de peu. La précarité alimente et alimentera les tensions sociales et provoquera peut-être même une guerre si nous ne faisons pas attention. Peste, guerre, famine, on a les trois cavaliers de l'Apocalypse. Le Christ règnera par les bienfaits de sa présence ou les méfaits de son absence. La paix, que ce soit en soi-même, entre les individus, avec la société ou internationale, n'existe pas sans lui et le catholicisme. Car les 10 commandements sont un code très parfait, renfermé dans le commandement de l'amour : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu plus que tout, plus que ton travail, ta femme, tes enfants, ta maison, et tu aimeras ton prochain comme toi-même, comme un autre toi, pour l'amour de Dieu. Et tu tiendras ton prochain, surtout les malheureux et abandonnés, surtout les stes âmes du Purgatoire, comme tes frères avec compassion et miséricorde dans ton coeur.

    Le Christ doit régner sur les sociétés aussi bien que sur les familles et les individus. Ou le psaume II s'accomplit sans faute.

    Les causes du manque de paix d'après Pie XII.

    Prendre garde à ces choses, les examiner attentivement dans la situation présente, Nous semble apte à relever et à fortifier les âmes au moment où la paix est tant proclamée, désirée, invoquée par tous. « La paix est un bien si grand qu'il n'est rien de plus agréable à entendre, rien de plus souhaitable à désirer, rien enfin de meilleur à trouver » 3.

    Mais aujourd'hui, plus qu'à une autre époque, ne se vérifient que trop ces paroles du prophète Jérémie, qui parle d'hommes disant : « Paix, paix, et il n'y avait point de paix » (Jr 6,14 Jr 8,11 Ez 13,10). En effet, si nous regardons tout autour de nous, quel triste spectacle s'offre à notre vue ! De fait, l'on voit dans beaucoup de pays les hommes agités, inquiets sur leur sort, angoissés par la crainte de troubles qui semblent annoncer les pires malheurs. Les esprits sont en proie à l'anxiété et à l'inquiétude, comme si des dangers plus graves menaçaient et déjà étaient imminents.

    Tout cela est bien loin de cette sereine et sûre « tranquillité dans l'ordre » 4 qui constitue la vraie paix. Et vraiment peut-on avoir la paix complète et durable si les fils d'une même nation, oublieux souvent de leur origine commune et de leur commune patrie, sont entraînés et divisés par les intérêts, les rivalités, les luttes des partis politiques ?

    Comment avoir la paix alors que tant d'hommes, des centaines de mille, manquent de travail, de ce travail qui non seulement permet à chaque citoyen de vivre d'une façon convenable, mais grâce auquel les multiples énergies et ressources dont la nature, l'étude et l'art ont honoré la dignité de la personne humaine, pourront nécessairement s'exercer avec l'éclat et l'honneur qui conviennent ?

    Qui ne voit que cet état de choses a pour effet de grouper des foules énormes dont la misère et le désespoir — qui forment un contraste si violent avec l'aisance excessive de ceux qui vivent dans le luxe sans fournir le moindre secours aux indigents — font des proies faciles pour ces propagandistes rusés et séduisants qui offrent aux intelligences trompées par les fausses apparences de la vérité, des doctrines dissolvantes.

    De plus, comment pourrait-on avoir la paix, si ne règnent pas aussi entre les nations et cette compréhension mutuelle et cet accord des volontés qui seuls peuvent conduire les peuples dans les voies lumineuses du progrès civil ? L'on voit, au contraire, les pactes solennellement sanctionnés ainsi que la parole donnée perdre parfois leur valeur et leur certitude qui constituent la base et la force de la légitime confiance réciproque : cette dernière une fois enlevée, il devient de jour en jour plus difficile de réduire ou de suspendre les armements et de pacifier les esprits, chose cependant si désirée par tous.

    Le pape lance un appel à la paix et en indique les conditions...

    Devant la menace d'une tempête si terrible, Nous exhortons vivement tous les hommes à revenir au Roi de la paix, au Vainqueur de la mort, dont les lèvres nous ont fait entendre ces consolantes paroles : Pax vobis. Que lui, comme il l'a promis, nous accorde la paix, sa paix, cette paix, disons-Nous, que le monde ne peut donner, celle qui, seule assurément, peut apaiser tous les troubles et dissiper toutes les craintes : « Je vous donne ma paix, je ne la donne pas comme la donne le monde. Que votre coeur ne se trouble point et ne s'effraye point » (Jn 14,27).

    ... la paix intérieure

    Mais puisque la tranquillité extérieure ne peut être que le reflet ou la conséquence de la paix intérieure, il est nécessaire de s'occuper tout d'abord de la paix de l'âme : se la procurer le plus tôt possible si on ne l'a pas ; veiller sur elle avec soin, la défendre et la garder intacte, si on l'a déjà. Ce n'est pas, en effet, sans une très grave raison que Notre-Seigneur Jésus-Christ, en ce jour, en se montrant pour la première fois aux apôtres après sa résurrection, voulut ajouter à son salut de paix un don inestimable de paix, à savoir le sacrement de pénitence, de telle sorte qu'au jour solennel de sa résurrection prit aussi naissance cette institution salutaire qui rend aux âmes la grâce divine ou la renouvelle, cette grâce qui constitue le triomphe de la vie sur la mort, c'est-à-dire sur le péché.

    C'est à cette source inépuisable de pardon et de paix que l'Eglise, Notre pieuse Mère, appelle avec instance tous ses enfants en ce saint temps pascal. Si chacun et tous répondaient librement et de bon gré à cet appel très affectueux, ils acquerraient une vie chrétienne plus florissante et plus féconde, avec la jouissance joyeuse et très douce de cette paix qui, par l'obéissance très aimante et parfaite au divin Rédempteur, permet de dominer l'attrait des passions et des voluptés. « Ton âme veut-elle être capable de vaincre tes débauches ou tes passions ? pour emprunter l'interrogation de saint Augustin. Qu'elle se soumette à Celui qui est plus grand et elle vaincra celui qui est au-dessous, inférieur. Et il y aura en toi une paix vraie, assurée et très bien ordonnée. Quel est l'ordre ou l'arrangement de cette paix ? Dieu commande à l'âme, l'âme au corps : rien de plus ordonné » 5.

    . l'obéissance à Dieu

    Vous voyez donc, Vénérables Frères et très chers fils, sur quelle base unique et inébranlable repose la véritable paix, à savoir sur la majesté éternelle de Dieu que tous ont le devoir de reconnaître, de respecter, d'honorer et dont ils sont tenus d'exécuter les commandements. Affaiblir ou détruire totalement cette obéissance due au Dieu créateur équivaut certainement à troubler ou à ruiner complètement la paix des individus comme celle de la famille, la paix des nations et celle enfin du monde entier. A la vérité, Dieu seul « aura des paroles de paix pour son peuple et pour ses fidèles et pour ceux qui retournent vers lui leur coeur » (Ps 84,9). C'est seulement par la volonté du Dieu tout-puissant, gardien suprême de la justice et suprême donateur de paix, « que la justice et la paix s'embrasseront » (Ps 84,11) ; parce que, comme l'annonce le prophète Isaïe : « Le produit de la justice sera la paix, et le fruit de la justice le repos et la sécurité pour jamais » (Is 32,17).

    la recherche de la justice

    Comme, en effet, il n'est pas possible d'avoir la paix si les choses ne sont pas dans l'ordre, de même il ne peut pas y avoir d'ordre si l'on écarte la justice. Mais celle-ci exige que l'on donne à l'autorité légitimement établie le respect et l'obéissance qui lui sont dus ; elle exige que les lois soient faites avec sagesse pour le bien commun et que tous les observent par devoir de conscience. La justice demande que tous reconnaissent et respectent les droits sacrés de la liberté et de la dignité humaines ; que les innombrables ressources et richesses que Dieu a répandues dans le monde entier soient réparties, pour l'utilité de tous ses enfants, d'une façon équitable et avec droiture. La justice veut enfin que l'action bienfaisante de l'Eglise catholique, non sujette à l'erreur quand elle enseigne la vérité, source inépuisable de vie pour les âmes, bienfaitrice insigne de la communauté humaine, ne soit ni attaquée ni empêchée. Car si l'on substitue au noble sceptre de la justice les armes de la violence, qui pourrait dès lors s'étonner que les temps qui se lèvent apportent non pas la lumière si désirée de la paix radieuse, mais les sombres et cruelles incendies des guerres ?

    A la vérité, la justice a pour tâche d'établir et de garder intacts les principes de cet ordre de choses qui est la base première et principale d'une solide paix. Cependant, elle ne peut à elle seule triompher des difficultés et des obstacles qui bien souvent s'opposent à l'établissement et à la consolidation de la paix.

    . la charité

    C'est pourquoi, si à l'inflexible et rigoureuse justice ne s'unit pas, dans une fraternelle alliance, la charité, très facilement les yeux de l'esprit sont empêchés, comme par l'écran d'un nuage, de voir les droits d'autrui ; les oreilles deviennent sourdes à la voix de cette équité qui, dans une sage et bienveillante application, peut débrouiller et résoudre avec ordre et selon la droite raison les controverses les plus âpres et les plus compliquées.

    Lorsque Nous disons ici la charité, Nous voulons parler de cette charité féconde et généreuse que le Christ a apportée — de cette charité qui a poussé le divin Rédempteur à mourir pour notre salut : « Il m'a aimé et s'est livré pour moi » (Ga 2,20) — de cette charité qui « nous presse » (2Co 5,14) et fait que « ceux qui vivent, ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux » (2Co 5,15) — de cette charité enfin par laquelle le Christ fut poussé à prendre la « condition d'esclave » (Ph 2,7), afin que nous devenions tous frères en lui qui est « le premier-né » (Rm 8,29), et par conséquent fils du même Dieu, héritiers du même royaume et appelés aux joies de la même éternelle béatitude.

    Si les hommes goûtaient enfin les douceurs de cet amour et se reposaient en lui, alors sans aucun doute le soleil radieux de la paix s'élèverait sur le monde souffrant. A la colère désordonnée qui irrite succéderait le calme de l'esprit qui raisonne avec sagesse ; à la concurrence violente et effrénée succéderait la collaboration cordiale ; enfin la compréhension équitable et réciproque des choses et des arguments remplacerait les inimitiés ou les brouilles, de telle façon à la vérité que la tranquillité confiante et le calme prendraient la place de cette terrible excitation des esprits.

    Que les hommes reprennent le chemin par lequel on reviendra à des ententes mutuelles amicales dans lesquelles les intérêts et les avantages de chacun des contractants sont évalués d'une façon équitable et avec une bienveillante appréciation ; dans lesquelles chacun ne se refuse pas à faire des sacrifices pour procurer à la famille humaine des biens supérieurs ; des ententes enfin où la fidélité à la parole publiquement donnée, tous le voulant ainsi, resplendira comme un exemple.

    Afin que ces choses s'accomplissent et que Nos voeux très ardents se réalisent favorablement, Nous ne pouvons Nous retenir de répéter aux individus, aux peuples et à leurs gouvernants la très chaleureuse invitation ou exhortation à la paix, à la paix basée sur la justice et la charité, que Nous voulûmes leur adresser à tous, aussitôt après Notre élévation à la suprême dignité du souverain pontificat.

    P. Saint-Jure : Dieu règle tous les événements, bons ou mauvais

    Non, rien ne se passe dans l'univers que Dieu ne le veuille, qu'il ne le permette. Et cela doit s'entendre absolument de toutes choses, le péché excepté. «Rien, enseignent unanimement les saints Pères et les Docteurs de l'Église, avec saint Augustin, rien n'arrive par hasard dans tout le cours de notre vie; Dieu intervient partout». Je suis le Seigneur, dit-il lui-même par la bouche du prophète Isaïe; je suis le Seigneur et il n'en est point d'autre; c'est moi qui forme la lumière et qui crée les ténèbres, qui fais la paix et qui crée les maux; c'est moi, le Seigneur, qui fais toutes ces choses. C'est moi, avait-il dit auparavant par Moïse, c'est moi qui fais mourir et c'est moi qui fais vivre; c'est moi qui blesse et c'est moi qui guéris.  Le Seigneur ôte et donne la vie, est-il dit encore dans le cantique d'Anne, mère de Samuel, il conduit au tombeau et il en retire; le Seigneur fait le pauvre et le riche: il abaisse et il élève. Arrivera-t-il dans la cité, dit le Prophète Amos, quelque mal (affliction, désastre) qui ne vienne du Seigneur? Oui, proclame le Sage, les biens et les maux, la vie et la mort, la pauvreté et les richesses viennent de Dieu. Ainsi dans cent autres endroits.

    Répondant aux plaintes et aux murmures des Juifs, qui attribuaient leur captivité et leurs souffrances à la mauvaise fortune et à d'autres causes que la juste volonté de Dieu, le prophète Jérémie leur dit: Quel est celui dont la parole peut produire un effet quelconque si le Seigneur ne l'ordonne? Est-ce que les biens et les maux ne sortent pas de la bouche du Très-Haut? Pourquoi donc l'homme, pendant sa vie, murmure-t-il, se plaint-il des châtiments dus à ses péchés? Pour nous, rentrons en nous-mêmes, interrogeons notre conscience, réformons notre conduite et revenons au Seigneur. Élevons au ciel nos coeurs et nos mains vers le Seigneur, et disons-lui: Nous avons agi injustement, nous nous sommes attiré votre colère; c'est pour cela que vous êtes devenu inexorable. Ces paroles ne sont-elles point assez claires? Nous devons en tirer profit pour nous-mêmes. Ayons soin de tout rapporter à la volonté de Dieu, et croyons bien que tout est conduit par sa main paternelle. Comment Dieu peut-il vouloir ou permettre les événements mauvais?

    Cependant, direz-vous peut-être encore, il y a péché dans toutes ces actions; comment donc Dieu peut-il les vouloir et y prendre part, Lui qui, étant la Sainteté même, ne saurait avoir rien de commun avec le péché? En effet, Dieu n'est pas et ne peut pas être l'auteur du péché. Mais n'oublions pas que, dans tout péché, il faut, comme disent les théologiens, distinguer deux parts, l'une naturelle, l'autre morale. Ainsi, dans l'action de l'homme dont vous croyez devoir vous plaindre, il y a, par exemple, le mouvement du bras qui vous frappe, de la langue qui vous injurie, et le mouvement de la volonté qui s'écarte de la droite raison et de la loi de Dieu. Mais l'acte physique du bras ou de la langue, comme toutes les choses naturelles, est fort bon en lui-même et rien n'empêche qu'il ne soit produit avec et par le concours de Dieu. Ce qui est mauvais, ce à quoi Dieu ne saurait concourir et dont il ne peut être l'auteur, c'est l'intention défectueuse, déréglée, qu'apporte à ce même acte la volonté de l'homme.

    La démarche d'un boiteux, en tant qu'elle est un mouvement, provient à la fois, il est vrai, de l'âme et de la jambe; mais la défectuosité qui rend cette démarche vicieuse ne vient que de la jambe. De même toutes les actions mauvaises doivent être attribuées à Dieu et à l'homme, en tant qu'elles sont des actes naturels physiques; mais elles ne peuvent être attribuées qu'à la volonté de l'homme, en tant qu'elles sont déréglées, coupables. Si donc l'on vous frappe ou que l'on médise de vous, ce mouvement du bras ou de la langue n'étant point un péché, Dieu peut très bien en être et il en est effectivement l'auteur, car l'homme, non plus qu'aucune créature, n'a l'existence ni le mouvement de lui-même, mais de Dieu, qui agit en lui et par lui: Car c'est en Dieu, dit saint Paul, que nous avons la vie, le mouvement et l'être. Quant à la malice de l'intention, elle est toute de l'homme, et c'est là seulement que se trouve le péché, auquel Dieu ne prend aucune part, mais qu'il permet toutefois, pour ne pas porter atteinte au libre arbitre.

    De plus, quand Dieu concourt avec celui qui vous meurtrit ou qui vous dérobe vos avoirs, il veut sans doute vous priver de cette santé ou de ces biens, dont vous abusiez et qui eussent causé la ruine de votre âme; mais il ne veut nullement que le brutal ou le voleur vous les ravissent par un péché. Ceci n'est point le dessein de Dieu, ce n'est que la malice de l'homme. Un exemple pourra rendre la chose plus sensible. Un criminel, par un juste jugement, est condamné à mort. Mais le bourreau se trouve être l'ennemi personnel de ce malheureux, et au lieu de n'exécuter la sentence du juge que par devoir, il le fait par esprit de haine et de vengeance N'est-il pas évident que le juge ne participe nullement au péché de l'exécuteur? La volonté, l'intention du juge n'est pas que ce péché soit commis, mais bien que la justice ait son cours, et que le criminel soit châtié. De même, Dieu ne participe, en aucune façon, à la méchanceté de cet homme qui vous frappe ou qui vous vole: elle est son fait particulier.

    Dieu veut, avons-nous dit, vous corriger, vous humilier ou vous dépouiller de vos biens, pour vous affranchir du vice et vous porter à la vertu; mais ce dessein de bonté et de miséricorde, qu'il pourrait exécuter par mille autres moyens où ne serait aucun péché, n'a rien de commun avec le péché de l'homme qui lui sert d'instrument. Et, de fait, ce n'est pas sa mauvaise intention, son péché qui vous fait souffrir, vous humilie ou vous appauvrit; c'est la perte, la privation de votre bien-être, de votre honneur ou de vos biens temporels. Le péché ne nuit qu'à celui qui s'en rend coupable. C'est ainsi que nous devons, en ces sortes d'événements, séparer le bon du mauvais, distinguer ce que Dieu opère par les hommes de ce que leur volonté y ajoute de son propre fonds.


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  • Don Sarda y Salvany , Le Mal social.

    ...il en est peu, même parmi ceux qui se croient bons, qui tiennent pour dangereux de mettre la main à la coupe empoisonnée, plus ou moins dorée, qui leur est offerte, et de la porter à leurs lèvres en disant avec une simplicité naïve : « Enfin, je sais ce qui en est ; cela ne me fera aucun mal; je prends dans ce que je lis ce que je veux et rien de plus ».

    C'est là précisément votre crime, et c'est là ce qui vous fait courir le plus grand danger, catholique insensé, de quelque science et de quelques talents qu'il vous plaise de vous prévaloir. Précisément ces livres et ces journaux s'écrivent avec une ruse diabolique pour faire tomber dans leurs pièges les imprudents comme vous et vos pareils. Précisément cette jactance de supériorité, cette absence de défiance de vous-même, sont les dispositions les plus convenables que désire trouver en vous l'écrivain pervers, afin de s'emparer de votre âme et de vous ravir son plus précieux trésor.

    Le diable est grand partisan de la discussion, et il se contente de proposer à ceux qu'il veut séduire d'accepter avec lui une libre discussion. C'est ainsi qu'il se présenta auprès de nos premiers parents dans le paradis terrestre, en les invitant uniquement à discuter un précepte qu'ils auraient dû regarder comme indiscutable. Eve ayant admis la discussion du précepte, la chute devint inévitable par la violation de ce précepte ; car, en vérité, la loi était violée, dès qu'elle était mise en discussion. Ainsi, dans le cas présent, lorsque nous prenons et lisons un livre ou un journal dans lequel on attaque plus ou moins ouvertement notre croyance, nous ne faisons au fond autre chose qu'admettre sur cette croyance la discussion à laquelle ce livre ou ce journal nous invite.


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  • FAUSSE DOUCEUR : 

    Extrait de Don Sarda y Salvany, Le mal social, tome 2.

    Il est clair qu'il est permis quelquefois de se mettre en colère ; car la  colère n'est point mauvaise en elle-même ; elle peut être juste et bonne lorsqu'elle a pour but une vengeance légitime. Et il en sera ainsi, si on se met en colère selon la convenance de temps, de personne et de mode. Les circonstances justifient la colère, et changent une passion en vertu. Les sujets qui demandent cette vivacité sont nombreux ; mais il faut placer au premier rang la doctrine, qui ne servirait de rien, sans un peu de colère; sans cette juste colère, les tribunaux sont sans autorité, les délits restent impunis, et la société périt. Ce sentiment est autorisé, non seulement par la doctrine des saints, mais même par celle du Fils de Dieu, par ses exemples admirables con- signés dans la sainte Écriture : Le Psalmiste l'enseigne : « irritez-vous et ne péchez pas », l'apôtre saint Paul le suppose : « Que le soleil ne se couche pas sur votre colère , saint Jacques l'insinue : « soyez lents à vous irriter ». Le sage l'admet : « Ne soyez pas prompt à vous mettre en colère ; l'Évangile selon les Hébreux ne le condamne pas : « Ne vous irritez pas sans motif ; la doctrine des Pères et des Docteurs l'ap- prouve, les exemples de Jésus-Christ, de saint Pierre et de saint Paul, de Moïse, de Phinées, d'Élie, d'Elisée et de beaucoup d'autres saints le justifient.

    Finalement, la juste colère de Dieu, dont Lactance a écrit un livre, l'accrédite. Ces accidents terrestres ne troublent point la sérénité de Dieu dans la splendeur de son ciel, mais, sans se mettre en colère, Dieu manifeste les effets qui procéderaient en nous de la colère, en indiquant par ses actes, cette passion si nécessaire à la vertu et à la vérité. Quelqu'un dira qu'on ne condamne pas la colère, mais ce qu'elle a d'aigre et d'acerbe. Bien qu'il ait été répondu à cette difficulté par la doctrine et les exemples proposés plus haut, pour ajouter à la force et à l'abondance de ces preuves nous en alléguerons de nouveaux : « Hypocrites et race de vipères ; sépulcres blanchis, remplis de corruption ; fils de Satan ; c'est ainsi que parle aux Pharisiens, le Christ, la douceur infinie. « Incrédules et hommes sans intelligence » ; ainsi parlait-il à ses apôtres ; et à Pierre : « Satan ». Moïse appelle tout un peuple: «t Ignorant et insensé », et l'apôtre dit à Ananie, prince des prêtres ; « muraille blanchie ». Ce n'était point par ignorance, mais par ironie, qu'il déclarait ne pas savoir à qui s'adressait ce reproche, mais afin de le couvrir ainsi davantage de dérision. Toutes ces paroles sont assez acerbes,- elles sont pleines d'aigreur, et cependant elles tombent de lèvres empreintes de douceur et de la plus suave charité.

    St François de Sales, Introduction à la vie dévote.

    DE LA DOUCEUR ENVERS LE PROCHAIN ET REMÈDE CONTRE L’IRE

    Le saint chrême, duquel par tradition apostolique on use en l’Eglise de Dieu pour les confirmations et bénédictions, est composé d’huile d’olive mêlée avec le baume, qui représente entre autres choses les deux chères et bien aimées vertus qui reluisaient en la sacrée personne de Notre-Seigneur, lesquelles il nous a singulièrement recommandées, comme si par icelles. notre coeur devait être spécialement consacré à son service et appliqué à son imitation:

    « Apprenez de moi, dit-il, que je suis doux et humble de coeur.«  L’humilité nous perfectionne envers Dieu, et la douceur envers le prochain. Le baume (qui, comme j’ai dit ci-dessus, prend toujours le dessous parmi toutes les liqueurs) représente l’humilité, et l’huile d’olive, qui prend toujours le dessus, représente la douceur et débonnaireté, laquelle surmonte toutes choses et excelle entre les vertus comme étant la fleur de la charité laquelle, selon saint Bernard, est en sa perfection quand non seulement elle est patiente, mais quand outre cela elle est douce et débonnaire. Mais prenez garde, Philothée, que ce chrême mystique composé de douceur et d’humilité soit dedans votre coeur; car c’est un des grands artifices de l’ennemi de faire que plusieurs s’amusent aux paroles et contenances extérieures de ces deux vertus, qui n’examinant pas bien leurs affections intérieures, pensent être humbles et doux et ne le sont néanmoins nullement en effet; ce que l’on reconnaît parce que, nonobstant leur cérémonieuse douceur et humilité, à la moindre parole qu’on leur dit de travers, à la moindre petite injure qu’ils reçoivent, ils s’élèvent avec une arrogance nonpareille. On dit que ceux qui ont pris le préservatif que l’on appelle communément la grâce de saint Paul, n’enflent point étant mordus et piqués de la vipère, pourvu que la grâce soit de la fine: de même, quand l’humilité et la douceur sont bonnes et vraies, elles nous garantissent de l’enflure et ardeur que les injures ont accoutumé de provoquer en nos coeurs. Que si étant piqués et mordus par les médisants et ennemis nous devenons fiers, enflés et dépités, c’est signe que nos humilités et douleurs ne sont pas véritables et franches, mais artificieuses et apparentes.

    Ce saint et illustre patriarche Joseph, renvoyant ses frères d’Egypte en la maison de son père, leur donna ce seul avis : « Ne vous courroucez point en chemin. » Je vous en dis de même, Philothée cette misérable vie n’est qu’un acheminement à la bienheureuse; ne nous courrouçons donc point en chemin les uns avec les autres, marchons avec la troupe de nos frères et compagnons doucement, paisiblement et amiablement. Mais je vous dis nettement et sans exception, ne vous courroucez point du tout, s’il est possible, et ne recevez aucun prétexte quel qu’il soit pour ouvrir la porte de votre coeur au courroux; car saint Joseph dit tout court et sans réserve, que « l’ire de l’homme n’opère point la justice de Dieu »

    Il faut voirement résister au mal et réprimer les vices de ceux que nous avons en charge, constamment et vaillamment, mais doucement et paisiblement. Rien ne mate tant l’éléphant courroucé que la vue d’un agnelet, et rien ne rompt si aisément la force des canonnades que la laine. On ne prise pas tant la correction qui sort de la passion, quoiqu’accompagnée de raison, que celle qui n’a aucune autre origine que la raison seule : car l’âme raisonnable étant naturellement sujette à la raison, elle n’est sujette à la passion que par tyrannie; et partant, quand la raison est accompagnée de la passion, elle se rend odieuse, sa juste domination étant avilie par la société de la tyrannie. Les princes honorent et consolent infiniment les peuples quand ils les visitent avec un train de paix; mais quand ils conduisent des armées, quoique ce soit pour le bien public, leurs venues sont toujours désagréables et dommageables, parce qu’encore qu’ils fassent exactement observer la discipline militaire entre les soldats, si ne peuvent-ils jamais tant faire qu’il n’arrive toujours quelque désordre par lequel le bon homme est foulé. Ainsi, tandis que la raison règne et exerce paisiblement les châtiments, corrections et répréhensions, quoique ce soit rigoureusement et exactement, chacun l’aime et l’approuve, mais quand elle conduit avec soi l’ire, la colère et le courroux, qui sont, dit saint Augustin, ses soldats, elle se rend plus effroyable qu’amiable, et son propre coeur en demeure toujours foulé et maltraité. « Il est mieux, dit le même saint Augustin écrivant à Profuturus, de refuser l’entrée à l’ire juste et équitable que de la recevoir, pour petite qu’elle soit, parce qu’étant reçue, il est malaisé de la faire sortir, d’autant qu’elle entre comme un petit surgeon, et en moins de rien elle grossit et devient une poutre. s Que si une fois elle peut gagner la nuit et que le soleil se couche sur notre ire (ce que l’Apôtre défend), se convertissant en haine, il n’y a quasi plus moyen de s’en défaire; car elle se nourrit de mille fausses persuasions, puisque jamais nul homme courroucé ne pensa son courroux être injuste.

    Il est donc mieux d’entreprendre de savoir vivre sans colère que de vouloir user modérément et sagement de la colère, et quand par imperfection et faiblesse nous nous trouvons surpris d’icelle, il est mieux de la repousser vitement que de vouloir marchander avec elle ; car pour peu qu’on lui donne de loisir, elle se rend maîtresse de la place et fait comme le serpent, qui tire aisément tout son corps où il peut mettre la tête. Mais comment la repousserai-je, me direz-vous ? Il faut, ma Philothée, qu’au premier ressentiment que vous en aurez, vous ra. massiez promptement vos forces, non point brusquement ni impétueusement, mais doucement et néanmoins sérieusement; car, comme on voit ès audiences de plusieurs sénats et parlements, que les huissiers criant « Paix là ! » font plus de bruit que ceux qu’ils veulent faire taire, aussi il arrive maintes fois que voulant avec impétuosité réprimer notre colère, nous excitons plus de trouble en notre coeur qu’elle n’avait pas fait, et le coeur étant ainsi troublé ne peut plus être maître de soi-même.

    Après ce doux effort, pratiquez l’avis que saint Augustin, jà vieil, donnait au jeune évêque Auxilius: «Fais, dit-il, ce qu’un homme doit faire; que s’il t’arrive ce que l’homme de Dieu dit au psaume : Mon oeil est troublé de grande colère, recours à Dieu, criant : Aie miséricorde de moi, Seigneur, afin qu’il étende sa dextre pour réprimer ton courroux. » Je veux dire qu’il faut invoquer le secours de Dieu quand nous nous voyons agités de colère, à l’imitation des Apôtres tourmentés du vent et de l’orage emmi les eaux; car il commandera à nos passions qu’elles cessent, et la tranquillité se fera grande. Mais toujours je vous avertis que l’oraison qui se fait contre la colère présente et pressante doit être pratiquée doucement, tranquillement, et non point violemment; ce qu’il faut observer en tous les remèdes qu’on use contre ce mal. Avec cela, soudain que vous vous apercevrez avoir fait quelque acte de colère, réparez la faute par un acte de douceur, exercé promptement à l’endroit de la même personne contre laquelle vous vous serez irritée. Car tout ainsi que c’est un souverain remède contre le mensonge que de s’en dédire sur le champ, aussitôt que l’on s’aperçoit de l’avoir dit, ains est-ce un bon remède contre la colère de la réparer soudainement par un acte contraire de douceur; car, comme l’on dit, les plaies fraîches sont plus aisément remédiables.

    Au surplus, lorsque vous êtes en tranquillité et sans aucun sujet de colère, faites grande provision de douceur et débonnaireté, disant toutes vos paroles et faisant toutes vos actions petites et grandes en la plus douce façon qu’il vous sera possible, vous ressouvenant que l’Epouse au Cantique des Cantiques, n’a pas seulement le miel en ses lèvres et au bout de sa langue, mais elle l’a encore dessous la langue, c’est-à-dire dans la poitrine ; et n’y a pas seulement du miel, mais encore du lait; car aussi ne faut-il pas seulement avoir la parole douce à l’endroit du prochain, mais encore toute la poitrine, c’est-à-dire tout l’intérieur de notre âme. Et ne faut pas seulement avoir la douceur du miel, qui est aromatique et odorant, c’est-à-dire la suavité de la conversation civile avec les étrangers, mais aussi la douceur du lait entre les domestiques et proches voisins : en quoi manquent grandement ceux qui en rue semblent des anges, et en la maison, des diables


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  • Pour certains, les limbes ont disparu, mais c'est contre le catéchisme :

    Où vont les enfants morts sans baptême? 

    Les enfants morts sans baptême vont aux Limbes, où il n'y a ni récompense surnaturelle ni peine ; car, souillés du péché originel, et de celui-là seul, ils ne méritent ni le paradis ni non plus l'enfer ou le purgatoire. 

    C'est devenu un dogme pour d'autres : tout enfant non baptisé va dans les limbes. Sans aller jusqu'à les supprimer, ce n'est pas toujours le cas, et il faudrait que les mamans qui risquent la fausse couche soient au courant de ce que dit Mgr Gaume à ce sujet, pour faire bénéficier les enfants qui risquent d'être morts-nés de leur foi et leurs prières, même en l'absence de baptême.

    CHAPITRE VII (SUITE DU PRÉCÉDENT.)

    Nouvelles preuves de la réparation du mal et de la possibilité du salut pour tous les hommes. – Doctrine catholique : la circoncision, la foi, le baptême. Quelle foi nécessaire au salut et à la rémission du péché originel. - Doctrine de saint Augustin et de saint Thomas. - Des enfants morts avant de naître. - Des adultes. - Résumé des preuves et des réponses.


    « Être sauvé, enseigne la théologie catholique, c’est être incorporé à Jésus-Christ, le nouvel Adam. Même avant l’Incarnation du Verbe et dès l’origine du monde, le salut n’a été possible qu’à cette condition. Il est écrit : Il n’y a pas sous le ciel d’autre nom donné aux hommes pour se sauver. Mais, avant l’Incarnation, les hommes étaient incorporés à Jésus-Christ par la foi à Son avènement futur. De cette foi la circoncision fut le signe. Avant la circoncision, c’est par la foi seule et par le sacrifice, signe de la foi des anciens pères, que les hommes étaient incorporés à Jésus-Christ : Depuis l’Évangile, c’est par le baptême . Le sacrement même de baptême n’a donc pas été toujours nécessaire au salut ; mais la foi dont le baptême est le signe sacramentel a toujours été nécessaire».

    On le voit, la circoncision n’était qu’un, signe local et passager. Exclusivement propre à la race juive, il n’était nullement obligatoire pour les autres peuples. L’application même ne s’étendait qu’aux fils et non aux filles des Hébreux. Pour l’expiation du péché originel, les nations étrangères à la postérité d’Abraham demeuraient, comme les juifs eux-mêmes à l’égard des filles, soumis à la condition primitive de la loi de nature, la foi manifestée par le sacrifice.

    « Le temps antérieur au Messie et le temps postérieur, dit un savant commentateur de saint Thomas, sont entre eux comme l’indéterminé au déterminé. Avant la circoncision, il n’y avait, pour remettre le péché originel, aucun sacrifice déterminé, ni quant à la matière, ni quant au temps, ni quant au lieu. Les parents pouvaient, dans ce but, offrir le sacrifice qu’ils voulaient, quand ils voulaient et où ils voulaient. La circoncision détermina la nature et le temps du sacrifice, par lequel les fils des Hébreux devaient être purifiés de la tache originelle.

    « Le huitième jour après la naissance était fixé pour cette purification, qui ne pouvait être anticipée. Si, avant cette époque, il y avait danger de mort, les parents étaient replacés dans les conditions de la loi de nature et pouvaient purifier l’enfant par un autre moyen. Ce qui fait dire à saint Thomas : « Comme avant l’institution de la circoncision la foi seule au Rédempteur futur suffisait pour purifier les enfants et les adultes, il en était de même après la circoncision. Seulement, avant elle, aucun signe spécial, témoignage de cette foi, n’était exigé. Il est cependant probable qu’en faveur des nouveau-nés en danger de mort, les parents fidèles offraient quelques prières au Seigneur, ou employaient certaine bénédiction ou quelque autre signe de foi, comme les adultes le faisaient pour eux-mêmes et comme on le pratiquait pour les filles, qui n’étaient pas soumises à la circoncision.

    Quelle est cette foi qui, chez les Juifs, antérieurement à la circoncision, et chez les Gentils, jusqu’à l’Évangile, suffisait pour incorporer les hommes au second Adam ? Elle consistait essentiellement dans la croyance plus ou moins explicite d’un vrai Dieu, rédempteur du monde : croyance manifestée par un signe extérieur, sacrifice, bénédiction, prière. Or, qui pourrait prouver que cette foi imparfaite, Dieu ne l’avait pas conservée chez les païens au degré suffisant pour le salut ? En ce qui regarde l’existence d’un seul Dieu : « Jamais, dit saint Augustin, les nations ne sont tombées si bas dans l’idolâtrie, qu’elles aient perdu l’idée d’un seul vrai Dieu créateur de toutes choses».

    Quant au Dieu rédempteur, Notre-Seigneur n’est-il pas appelé le Désiré de toutes les nations ?. On ne désire pas ce qu’on ne connaît pas et ce dont on n’a pas besoin. Avec la conscience de leur chute, toutes les nations de l’ancien monde, les Gentils aussi bien que les Juifs, avaient donc la foi au Rédempteur futur.

    Sur cette consolante vérité, écoutons l’incomparable saint Thomas. Après avoir rappelé que Dieu veut le salut de tous les hommes, il ajoute : « Or, la condition nécessaire du salut, c’est l’Incarnation du Verbe. Il a donc fallu que le mystère de l’Incarnation fût connu de quelque manière dans tous les temps et par tous les hommes. Cette connaissance, toutefois, a varié suivant les temps et les personnes. Avant de pécher, Adam eut la foi explicite du mystère de l’Incarnation, en tant que destiné à la consommation de la gloire éternelle, mais non en tant que destiné à la délivrance du péché par la passion du Rédempteur...

    «Après le péché, le mystère de l’Incarnation fut cru d’une foi explicite, non seulement quant à l’Incarnation du Verbe, mais encore quant à la passion et à la résurrection, qui devaient délivrer l’homme du péché et de la mort. Autrement les hommes n’auraient pas figuré d’avance la passion de Jésus-Christ par des sacrifices, soit avant, soit après Moïse. Les plus instruits connaissaient parfaitement la signification de ces sacrifices. Les autres, croyant ces sacrifices institués de Dieu lui-même, avaient par leur moyen une connaissance voilée du Rédempteur futur. Plus obscure dans les temps reculés, cette connaissance devint plus claire à mesure que le Messie approchait.


    « S’agit-il des païens ? La révélation du mystère de l’Incarnation fut faite à un grand nombre. Témoin, entre autres, Job, qui dit : Je sais que mon Rédempteur est vivant. Témoin la sibylle citée par saint Augustin. Témoin cet antique tombeau romain, découvert sous le règne de Constantin et de l’impératrice Irène, dans lequel on trouva un homme, ayant une lame d’or sur la poitrine avec cette inscription : Le Christ naîtra d’une vierge, et moi je crois en lui. O soleil, tu me reverras sous le règne de Constantin et d’Irène. S’il en est qui furent sauvés sans cette révélation, ils ne le furent cependant pas sans la foi du Médiateur. Sans doute ils n’eurent pas la foi explicite, mais ils eurent la foi implicite en la divine Providence, croyant que Dieu était le libérateur des hommes, par des moyens à lui connus et manifestés à ceux que Son esprit avait daigné en instruire. »

    De plus, on trouve, à toutes les époques et sous tous les climats, l’usage des sacrifices, des purifications, des adorations, des prières, conservé chez les peuples païens comme chez les Juifs. Qui pourrait affirmer qu’aucun de ces actes, manifestation d’une foi quelconque, n’avait dans aucune circonstance un rapport plus ou moins compris, avec l’expiation du péché en général, et du péché originel en particulier ? N’est-il pas écrit du centurion Corneille encore païen, que ses prières et ses aumônes étaient agréables à Dieu ? Parlant aux païens de son temps, ensevelis dans la plus grossière idolâtrie, Tertullien ne leur dit-il pas : « Dans la prospérité, l’âme arrête ses regards au Capitole ; mais dans l’adversité, elle les élève vers le ciel, où elle sait que réside le vrai Dieu ? »

    Fallait-il même d’une nécessité invariablement absolue, que l’enfant fût né pour bénéficier de la foi de ses parents ? « Il est vrai, répond un grand théologien, on ne lit nulle part que des sacrifices aient été offerts ou reçus, pour les enfants encore dans le sein maternel. Ainsi, en vertu d’un ordre providentiel, légalement établi, nul enfant, avant de naître, n’a jamais obtenu par des sacrifices extérieurs la rémission du péché originel. Plusieurs ont reçu cette grâce par un privilège spécial, comme Jérémie et saint Jean-Baptiste. Toutefois, on ne doit désapprouver ni les prières, ni les vœux, ni les bonnes œuvres extérieures des parents, pour leurs enfants nés ou à naître, et qui se trouvent en danger de mort ; car Dieu n’a pas enchaîné sa toute-puissance aux sacrements.

    « Ils peuvent donc prier, afin qu’Il daigne dans Son infinie miséricorde les conduire au baptême, ou leur remettre le péché originel. Alors Dieu, qui est infiniment bon, pourra les sauver. Ce sera, non en vertu d’une loi, mais uniquement par grâce. Aussi, à moins d’une révélation, il ne faut pas affirmer qu’ils sont sauvés, et leur corps, ne doit pas être enseveli en terre sainte. »

    Jusqu’où s’étendait et jusqu’où s’étend encore cette possibilité du salut pour les enfants en question, comme pour les autres, par les prières, les bonnes œuvres, les sacrifices, la foi, en un mot, des parents eux-mêmes idolâtres ? Ici encore qui peut répondre ? Tous ces doutes et d’autres encore qui peuvent, sans blesser l’enseignement catholique, être résolus dans le sens de la miséricorde , permettent de diminuer, peut-être infiniment plus qu’on ne pense, le nombre des sujets, et surtout des victimes éternelles du mauvais Esprit. Si elle en avait besoin, cela seul suffirait pour justifier, aux yeux de tout homme impartial, l’infinie sagesse et l’infinie bonté de l’éternel amateur des âmes, surtout des âmes des enfants.

    Quant aux adultes, nés dans l’ancien paganisme ? Égyptiens, Assyriens, Perses, Grecs, Romains, Gaulois, tous avaient, pour se soustraire à l’empire de Satan, la connaissance essentielle de la loi primitive ; la grâce pour l’accomplir ou pour se repentir de l’avoir violée ; enfin le baptême de désir : ce qui suffit au salut. Écoutons encore saint Thomas. Prenant l’exemple le plus décisif, celui d’un sauvage né au milieu des forêts, et qui n’a jamais entendu parler du baptême, le grand docteur enseigne une doctrine suivie de toute l’école. Il dit que « Si, au moment où sa raison s’éveille, ce sauvage se porte vers une fin honnête, Dieu lui donne la grâce, et le péché originel est effacé. S’il ne persévère pas, il lui reste le repentir, en sorte que, dans l’une et dans l’autre hypothèse, ce pauvre sauvage, le dernier des êtres humains, ne sera pas damné, si ce n’est par sa faute »

    Tels étaient, en général, les moyens de salut donnés aux païens avant la venue du Rédempteur. L’incarnation, mystère d’infini miséricorde, a-t-elle rendu pire la condition des infidèles d’aujourd’hui, placés dans les mêmes conditions que ceux d’autrefois ? Qui oserait le prétendre ? De ces explications découlent rigoureusement les corollaires suivants :


    1° Si la plupart des habitants du globe n’ont jamais appartenu à l’empire visible du Saint-Esprit, ou, comme parle la Théologie, au corps de l’Église, nul ne peut prouver qu’un seul ait été, ou soit encore, dans l’impossibilité absolue d’appartenir à l’empire invisible du Saint-Esprit, qu’on appelle l’âme de l’Église, ce qui suffit pour être sauvé. La raison en est que, si nous connaissons les moyens extérieurs par lesquels Dieu applique aux hommes les mérites du Rédempteur, les innombrables moyens intérieurs nous échappent ; et nous devons dire avec Job : Bien que vous les cachiez dans le secret de Votre cœur, je sais cependant que Vous vous souvenez de tout ce qui respire (Job, X, 13).


    2° Si, malgré cette déduction, la multitude des sujets de Satan demeure si considérable, il faut l’imputer non à Dieu, mais au libre arbitre de l’homme. Or, nul ne peut prouver que Dieu ait dû créer l’homme impeccable, ou que la plupart des hommes ont la volonté sérieuse de se sauver.


    3° Il est bien établi que la prescience de Dieu ne gêne en rien la liberté de l’homme, et que Dieu n’est pour rien dans le mal que l’homme s’est fait en se vendant au démon, pas plus que le père du prodigue dans les hontes et les misères de son fils révolté. Dieu n’est intervenu que pour prévenir le mal, pour le contenir et pour le réparer. Si le libre arbitre de l’homme n’y mettait obstacle, la réparation même surpasserait la ruine, en profondeur et en étendue.


    4° Dieu veut le salut de tous les hommes sans exception. Le salut, c’est la jouissance éternelle de Dieu par la vision béatifique. Dieu le veut d’une volonté sérieuse, puisqu’il réserve des supplices éternels à ceux qui ne l’auront pas accompli. Il a donc ménagé à tous les hommes, dans tous les temps, les moyens de se sauver, si bien que nul ne sera damné que par sa faute.


    5° De savoir comment, dans certains cas particuliers, ces moyens de salut sont applicables et appliqués, c’est l’inconnue du problème. Or, en dogme comme en géométrie, dégagée ou non, l’inconnue n’existe pas moins. Une chose reste donc mathématiquement certaine c’est que, malgré les mystérieuses ténèbres dont Il enveloppe les secrets de Sa miséricorde, Dieu, étant la puissance, la sagesse et la bonté infinie, ne fera tort à personne. Tel est le doux oreiller sur lequel dorment en paix, et la foi du chrétien et la raison de l’homme capable de lier deux idées : In pace in idipsum dormiam et requiescam.


    Devant ces éclaircissements, si incomplets qu’ils puissent être, s’évanouit la difficulté que nous avions à résoudre, et avec elle l’inquiétude qu’elle pouvait jeter dans les Esprits. Rien n’empêche donc de continuer notre marche et de passer à l’étude approfondie des deux Cités.


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